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Le pétrole stocké… en mer

L'Agence internationale de l'Energie abaisse drastiquement ses prévisions de demande mondiale pétrolière, citant la détérioration de l'économie. Une mer de pétrole, estimée entre 50 et 100 millions de barils, dort actuellement dans des superpétroliers transformés en entrepôts flottants : promesse de profits énormes aux banques et aux courtiers quand les cours du brut remonteront.
Article rédigé par franceinfo
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Dans son rapport mensuel sur le marché pétrolier, l'AIE a revu à la baisse sa prévision de demande mondiale 2009 de 1 million de barils par jour (mbj) à 85,3 mbj. C'est la révision "la plus importante depuis 12 ans", souligne David Fyfe, chef analyste de l'AIE. Ces révisions sont la conséquence "de la division par deux des prévisions de croissance (mondiale), à présent attendue à 1,2%" pour cette année, explique l'AIE. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a elle aussi revu à la baisse sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2009 et estime qu'en 2008 la consommation planétaire s'est contractée de 0,1 mbj.

Symptôme parmi d'autres de la crise mondiale, des dizaines de superpétroliers, chargés à raz bord de brut, sont actuellement à l'ancre. Ces "entrepôts flottants" mouillent près des côtes iraniennes, vénézuéliennes, américaines, au large de l’Afrique de l'Ouest et en Mer du Nord, selon l'Agence Internationale de l'Energie. "Soulignant l'état de faiblesse de la demande, à la fois pour le pétrole et pour le transport maritime, le stockage de pétrole en mer a augmenté, pour atteindre entre 50 et 80 millions de barils (mb)", a-t-elle estimé dans son rapport mensuel de janvier.

Des risques opérationnels : piratage et mauvais temps

Ce phénomène a démarré dès décembre, lorsque les cours du brut sont tombés non loin de 30 dollars, leur plus bas niveau depuis 4 ans. Plutôt que de vendre leur pétrole à vil prix, nombre de producteurs ont préféré le conserver en attendant des jours meilleurs. Ensuite, des acteurs extérieurs à l'industrie pétrolière -- courtiers, fonds spéculatifs, banques -- se sont mis de la partie, alléchés par la perspective d'empocher un gain certain en jouant sur le différentiel de prix entre les contrats de pétrole à échéances rapprochées et les contrats plus lointains.

Le pétrole pour livraison en février s'échange autour de 35 dollars à New York, contre 50 dollars pour l'échéance juin par exemple. Concrètement, un investisseur peut donc acheter une cargaison de brut, à 35 dollars le baril, qu'il vendra en juin au prix fixé d'avance de 50 dollars. Cerise sur le gâteau, les prix du transport maritime ont chuté, réduisant le coût du stockage. Très rentable, l'affrètement d'un pétrolier est toutefois réservé aux gros opérateurs.

Selon Jeff Currie, analyste à la banque Goldman Sachs le stockage de pétrole en mer aurait actuellement atteint sa limite. Des risques opérationnels, comme le piratage ou le mauvais temps, pèsent sur de telles opérations. "Une entreprise envisageant ce type d'opération a tout intérêt à étudier la sécurité du bateau et de la zone où il sera mouillé. Il est évidemment bien plus prudent d'opter pour Rotterdam que la côte du Nigeria", renchérit Jonathan Wood, du cabinet Control Risk.

Caroline Caldier avec agences

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