Le moral des Français reste miné par la morosité du marché de l'emploi et la crainte d'une remontée des prix
Selon les données publiées jeudi par l'Institut national de la statistique (Insee), le moral des ménages s'est fixé à 85 points en février, un niveau stable par rapport au mois dernier mais toujours dégradé.
"C'est un chiffre particulièrement faible, dans la mesure où il demeure inférieur de 15 points à sa moyenne de long terme", qui s'établit à 100 points, note Alexander Law, économiste chez Xerfi.
Les ménages sont plus optimistes qu'en janvier sur leur situation personnelle à venir. Ils considèrent plus opportun de faire des achats importants. En revanche, ils sont moins confiants sur leur capacité à épargner dans les prochains mois. "C'est compréhensible, tant les tensions sur le pouvoir d'achat sont importantes aujourd'hui", relève M. Law.
Cette tendance est confirmée par la dernière livraison du baromètre Viavoice publié jeudi par Les Echos, en partenariat avec le groupe BPCE et France Info. Face à l'envolée du pétrole, 56% des Français estiment que leur pouvoir d'achat va diminuer au cours des trois prochains mois, indique ce sondage qui traduit une évolution spectaculaire par rapport au mois de janvier (+14 points).
Les ménages sont bien plus nombreux qu'en janvier à avoir la perception que les prix ont augmenté au cours des derniers mois et qu'ils vont continuer à grimper, selon l'Insee.
La France est pour l'instant restée épargnée par les regains de tensions inflationnistes, les prix à la consommation ayant même baissé de 0,2% en janvier, malgré la hausse des prix de l'énergie. "Ceci étant, les Français voient augmenter très brutalement des prix hautement symboliques à l'image des carburants", souligne Alexander Law.
Or la flambée générale des prix de l'énergie, qui alourdit la facture des consommateurs, devrait se poursuivre dans les mois à venir, sur fond de tensions géopolitiques liées aux mouvements de révolte en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Le chaos en Libye fait flamber depuis plusieurs jours les cours du pétrole et le prix du baril de Brent de la mer du Nord a frôlé les 120 dollars jeudi. "Il semble que les Français aient été plus sensibles à la hausse des prix de l'énergie qu'à la baisse des prix des produits manufacturés pendant les soldes", relève Victoire Dumaine-Martin, économiste chez Natixis.
L'autre gros motif d'inquiétude des Français reste le marché de l'emploi. En février, les ménages sont ainsi plus nombreux qu'en janvier à anticiper une augmentation du chômage (+4 points). "Pour l'heure, la croissance est trop faible et la prudence des entreprises trop forte pour anticiper un net regain des embauches", estime Alexander Law. "En raison d'un taux de chômage toujours élevé, les salaires devraient moins progresser qu'au cours des dernières années", prédit Victoire Dumaine-Martin.
Dans ce contexte, cette dernière s'attend à un ralentissement de la consommation sur l'année, qui ne devrait selon elle progresser que de 1,0% seulement (contre 1,6% en 2010). "Le chômage devrait rester élevé en 2011, ce qui laisse entrevoir des perspectives de progression du Produit intérieur brut particulièrement limitées pour l'ensemble de l'année", estime Alexander Law.
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