Malgré un PIB en baisse au dernier trimestre et desprévisions pas excellentes pour 2011, le Japon a affiché une croissance de près de 4% en 2010. Un bon chiffre après une année 2009 catastrophique (-6,3%).Le séisme est survenu alors que le Japon a du mal à sortir d"une crise qui dure depuis près de 20 ans.Il est encore trop tôt pour mesurer les conséquences économiques du séisme et de ses conséquences tant que le recensement des destructions ne sera pas effectué. Quel est en effet l'ampleur des dégats dans le tissu industriel, le réseau de transports, l'habitat et bien sûr l'approvisionnement énergétique du pays, avec la destruction de plusieurs réacteurs (le refroidissement à l'eau de mer les rend inutilisables).Le précédent de Kobé (séisme en 1995) pourrait inciter à un certain optimisme à moyen terme. En effet, l'effet destructeur de ce tremblement de terre avait provoqué un regain de croissance pour remplacer les infrastructures détruites.Une situation qui pourrait peser sur sa balance commerciale puisque le Japon importait déjà 82 % de sa consommation d"énergie globale.Le miracle japonaisEntre les années 1950 et la fin des années 1980, le Japon connaît des taux de croissance spectaculaires et une reconstruction industrielle rapide, après les ravages de la 2e guerre mondiale. Ce «miracle économique japonais » culmine entre 1965 et 1970. Dès 1968, le Japon est la 2e économie mondiale, juste derrière les États-Unis. Cette période est notamment marquée par les Jeux olympiques d'été de Tokyo en 1964 (qui profite au BTP), l'explosion urbaine ou la mise en service de la première ligne de train à grande vitesse au monde le Shinkansen entre Tokyo et Ōsaka.La prospérité japonaise s"est construite sur le développement de produits à fortes valeur ajoutée en profitant d"abord de son marché national puis ensuite du marché asiatique et enfin du marché mondial. Elle a su ensuite joué sur la division internationale du travail pour conserver son avantage malgré la concurrence des dragons asiatiques.Une économie ouvertePays exportateur, le Japon, qui était jusqu"à la fin 2010 la deuxième puissance mondiale avant de se faire dépasser par la Chine, affiche une balance commerciale positive. Le Japon est le 4e pays pour ses exportations (après la Chine, l'Allemagne et les États-Unis) et le 5e pour ses importations (derrière les États-Unis, la Chine, l'Allemagne et la France). En 2006, les exportations représentaient 16 % du PIB et les importations 15 %.Les exportations du Japon, qui s'étaient effondrées en 2009, n"avaient toujours pas retrouvé leur niveau atteint à la fin 2010 leur résultat.Les forces du JaponDans les années suivant la Seconde guerre mondiale, le fort partenariat industrie-gouvernement, une concentration importante symbolisé par les grands groupes (les zaibatsu devenus keiretsu), des investissements importants dans la haute technologie associés à des dépenses militaires faibles (1% du PIB) ont propulsé rapidement le Japon au rang de puissance industrielle.Le système qui a fait la fortune du pays s"est bloqué dans les années 90 du fait de l"ouverture de l"économie et surtout de l"explosion de la bulle financière japonaise. Depuis, l"effondrement du système financier japonais pèse sur l"économie qui navigue désormais entre déflation et croissance très faible, phénomène aggravé par le fait que la population stagne et est vieillissante.Même si le Japon n"a pas eu trop à souffrir de la crise financière liée au subprimes, son économie a subi de plein fouet la rétractation des échanges commerciaux mondiaux. Après le séisme, le Japon va devoir faire appel à des investissements massifs. Or, l"endettement public est l"un des plus importants au monde avec près de 200% du PIB. Une dette qui est cependant en très grande partie détenue par les nationaux, ce qui permet au Japon de ne pas voir sa monnaie attaquée par les marchés (si ce n"était, jusqu"à maintenant, à la hausse).La question énergétiqueLe Japon était le troisième pays producteur d"électricité nucléaire au monde avec ses 55 réacteurs répartis dans 17 centrales.Ces centrales produisent environ un tiers de l"électricité du pays. Les accidents dans les centrales après le tsunami vont donc peser lourdement sur la production énergétique japonaise surtout que les centrales accidentées risquent de devoir être détruites après avoir été refroidies à l"eau de mer.Les marchés spéculent déjà sur une éventuelle hausse des importations de charbon, de gaz ou de pétrole par le Japon afin de compenser la perte de ses centrales.Une relance bien venue ?La Banque centrale japonaise a procédé lundi à la plus importante injection de liquidités de son histoire, mettant 7.000 milliards de yens (61,4 milliards d'euros), "pour assurer la stabilité des marchés financiers et faciliter les opérations", a déclaré un porte-parole de la banque centrale nippone. Le Japon ne disposait pas de beaucoup d"autres moyens, les taux étant déjà proches de zéro.A plus court terme, le yen –que le Japon avait en vain tenté de faire baisser en 2010- a été dans un premier temps porté lundi par la possibilité de voir les Japonais rapatrier en masse des fonds investis à l'étranger (ce qui pourrait peser sur les Etats-Unis, l'épargne japonaise étant un gros consommateurs de bonds américains) afin de financer la reconstruction avant de repartir en nette baisse suite à une injection massive de fonds par la Banque du Japon pour permettre une rapide reconstruction. Cette décision s'avèrera-t-elle suffisante ?DonnéesPopulation : 127,5 millions d"habitants (BM, 2009)Superficie: 377.837 km².Espérance de vie : 83 ans (86 pour les femmes, 79 pour les hommes)Répartition de la population active : 68% de la population active est employée dans le secteur tertiaire (services), 27% dans l"industrie et moins de 5% dans le secteur primaire (agriculture, pêche).PIB : 5,3 md de dollarsPIB par habitant : 34,2 mille dollarsStructure du PIBagriculture: 1.1%industrie: 23%services: 75.9%Exportations: 95% de produits manufacturésImportations: 36% de produits pétroliers.