Cet article date de plus de treize ans.

Le conseil des ministres doit "éclaircir le cadre des privatisations" censées rapporter 50 milliards d'euros d'ici 2015

Le gouvernement socialiste grec devrait prendre de nouvelles mesures d'austérité et décider de nouvelles privatisations.Le plan ne devrait pas être finalisé avant mardi et les rencontres du Premier ministre avec les dirigeants de l'opposition, et de la "fin des négociations" avec la Bruxelles, la BCE et le FMI qui surveillent la dette grecque.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le premier ministre grec Papandréou (France 2)

Le gouvernement socialiste grec devrait prendre de nouvelles mesures d'austérité et décider de nouvelles privatisations.

Le plan ne devrait pas être finalisé avant mardi et les rencontres du Premier ministre avec les dirigeants de l'opposition, et de la "fin des négociations" avec la Bruxelles, la BCE et le FMI qui surveillent la dette grecque.

La presse grecque recensait parmi les nouvelles mesures à attendre "des limogeages dans le secteur public" et "des bombes fiscales" comme l'alourdissement des impôts directs, équivalant à "une nouvelle baisse de salaires".

Le nouveau plan gouvernemental, qui doit être soumis au vote du parlement début juin, prévoit un tour de vis budgétaire supplémentaire, chiffré à 6 milliards d'euros pour 2011 et à 23 millards sur la période 2012-2015.

Une tranche d'aide de 12 milliards d'euros de la part du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Union européenne (UE) est en jeu avec ces nouvelles mesures, de même que la possibilité d'un plan d'aide additionnel à la Grèce, qui ne devrait pas être en mesure de se financer sur les marchés en 2012, ce qui serait une mauvaise nouvelle pour les banques qui ont de grosses créances sur la Grèce.

Parmi les réformes envisagées, le gouvernement socialiste de George Papandréou examine pour la première fois des suppressions de postes de fonctionnaires à temps plein. Sont également étudiées une baisse des rémunérations dans le secteur public et de nouvelles hausses d'impôts. La presse grecque rapporte lundi que le gouvernement songe à réduire des exemptions fiscales sur l'impôt sur le revenu, les dépenses médicales et les intérêts des prêts immobiliers, ce qui devrait réduire d'autant le revenu disponible de millions de salariés et de retraités, dans ce pays où la croissance est déjà en berne.

Ce plan à moyen terme d'ajustement budgétaire et de privatisations doit permettre au gouvernement de convaincre les inspecteurs de l'UE, de la Banque centrale européenne (BCE) et du FMI actuellement en visite à Athènes de débloquer la cinquième tranche du plan d'aide de 110 milliards d'euros consenti au pays l'an dernier.

Mais le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a semé le doute sur la capacité d'Athènes à privatiser pour 50 milliards d'euros d'actifs dans les années à venir, comme annoncé par le gouvernement. "Nous estimons que la Grèce ne peut pas privatiser de manière significative pour 50 milliards d'euros d'actifs au cours des prochaines années, ce qui représente plus de 20% de son PIB" (produit intérieur brut), a dit le responsable lors d'une conférence de presse à Vienne. Il a pressé les autorités de renforcer de manière urgente les mesures de consolidation budgétaire et de mener le programme de privatisations au plus vite.

Après le débat gouvernemental de ce lundi, George Papandréou devrait consulter mardi les dirigeants de l'opposition sur le nouveau train de mesures, et d'autres discussions avec les inspecteurs doivent intervenir cette semaine.

Le gouvernement envisage notamment d'appliquer un taux de TVA uniforme de 18 ou 19% pour tous les biens et services, contre un régime actuel allant de 13 à 23% selon les produits. Cette mesure, si elle est adoptée, renchérirait l'alimentation, les factures d'électricité et le coût du transport mais abaisserait le prix des automobiles (importées) ou du mobilier.

La politique de rigueur menée par George Papandréou lui vaut de perdre progressivement le soutien de l'opinion grecque. Selon un sondage publié samedi, 80% des Grecs ne sont pas prêts à accepter de nouvelles mesures et pour la première fois depuis leur victoire électorale en 2009, les socialistes sont donnés à égalité avec l'opposition. "Une situation explosive est en train de se mettre en place, les gens ont le sentiment que les choses deviennent très difficiles", a déclaré à Reuters Dimitris Mavros, dirigeant de l'institut de sondage MRB qui a conduit cette enquête.

Plan voué à l'échec ?

Dans un article publié par "Les Echos" Stepen Nihm et Nouriel Roubini (un des rares économistes à avoir vu venir la crise des subprimes) estiment que les choix faits par la troïka (UE, FMI, BCE) et le gouvernement grec sont voués à l''échec: "si les PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne) ne peuvent avoir recours ni à l'inflation, ni à la croissance, ni à la dévaluation, ni à l'épargne, le plan ne peut qu'échouer. Il faut donc basculer vers le plan B: une restructuration et une réduction ordonnée de la dette publique et privée. Cela peut se faire de diverses manières, par exemple en rééchelonnant le calendrier de remboursement et en réduisant les taux d'intérêts".

Voir aussi l'opinion de l'économiste

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.