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La fin des panneaux publicitaires à l'entrée des agglomérations

A compter de ce lundi, la grande distribution et autres entreprises n'ont plus le droit d'installer de panneaux publicitaires à l'entrée des agglomérations. Elles doivent également démonter les affichages déjà existants, conformément à plusieurs dispositions prises en 2010.
Article rédigé par Ariane Griessel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (600.000 préenseignes doivent être démontées dont une grande partie étaient déjà en infraction depuis des années, selon l'association Paysages de France  © Maxppp)

Ce lundi, plusieurs dispositions importantes sur l'affichage publicitaire entrent en vigueur. La première mesure, adoptée le 12 juillet 2010 par l'Assemblée nationale, vise les préenseignes. Il s'agit de ces panneaux publicitaires scellés au sol ou simplement posés, de 1,5 mètre de longueur et d'un mètre de hauteur, que l'on retrouve souvent aux abords des agglomérations.

Les préenseignes étaient jusqu'alors "en principe" interdites "hors agglomération et dans les agglomérations de moins de 10.000 habitants sauf dérogations", indique le site officiel de l'administration française. Mais le terme de "dérogations" a causé bien des excès, selon l'association Paysages de France, qui milite pour la suppression des affichages. Elle dénonce sur son site "une réglementation détournée et massivement bafouée par la grande distribution ainsi que par les chaînes hôtelières et de restauration rapide".

"On devrait véritablement voir de très grands changements dans nos paysages "

Désormais, "les préenseignes seront autorisées uniquement pour signaler la vente de produits du terroir, les activités culturelles (spectacles vivants ou cinématographiques, enseignement, expositions d'art...) et les monuments historiques ouverts à la visite", détaille le site Service-Public.fr. Une réglementation, qui pourrait bien transformer l'abord des agglomérations, selon Pierre-Jean Delahousse, président de Paysages de France. "Il restera encore les grands panneaux, notamment en agglomération mais hors agglomération, si la nouvelle réglementation est appliquée, on devrait véritablement voir de très grands changements dans nos paysages. Et ça, c’est extrêmement positif pour tout le monde ", déclare t-il. 

"La foison de panneaux - notamment de la grande distribution - qui monopolisait un peu l’information, va disparaître" et favoriser la visibilité de panneaux faisant la promotion d' "activités touristiques ou de loisirs ", déclare Pierre-Jean Delahousse. "Ce sera (...) un plus pour tous ces commerces ", ajoute t-il. 

"Une signalétique adaptée, normalisée et harmonisée est prévue sur les bords des routes" - Pierre-Jean Delahousse, président de Paysages de France

Les contrevenants risquent 7.500 euros d'amende administrative (et suppression ou mise en conformité avec la réglementation), plus une astreinte de 15 à 150 euros par jour d'affichage, si la préenseigne est maintenue.

Des arbres pour remplacer les panneaux publicitaires à Grenoble

Pour Lucille Lheureux, adjointe au Maire de Grenoble, en charge de l'espace public et de la nature en ville, "ce n'est qu'un premier pas, puisqu'on est  sur une mesure qui ne concerne que les petites communes, les communes rurales et qui va faire beaucoup de bien à nos paysages partout en France mais qui reste très limitée, puisqu'on reste que sur les préenseignes et à l'extérieur des agglomérations ." A Grenoble, les entreprises ont dû démonter progressivement 326 panneaux publicitaires, ce qui a permis à la municipalité de "planter des arbres, pour permettre aux Grenoblois de jouir d'un espace public de qualité ", souligne Lucille Lheureux. Toutefois, s'il reste moins d'une dizaine de panneaux du groupe industriel français JCDecaux à Grenoble, des panneaux d'entreprises privées perdurent, "notamment sur les murs des copropriétés, les murs des immeubles, les jardins... ".

"C'est l'avenir de nos villes de se recentrer sur les paysages" - Lucille Lheureux adjointe au Maire de Grenoble en charge de l'espace public et de la nature en ville, au micro de Simon Le Baron

C'est la raison pour laquelle la Ville a décidé de "ne pas reconduire de contrat et (de) ne pas faire de nouveaux appels d'offres pour avoir de l'affichage publicitaire dans l'espace publique ". De plus, pour modifier la réglementation en vigueur, une "révision du règlement local de publicité " sera lancée à l'automne au sein de la métropole, "qui visera à limiter la publicité dans l'espace public et surtout à réduire les formats dans les espaces privés", annonce  Lucille Lheureux. Grenoble a été la première grande ville en Europe à bannir la publicité et pour l'adjointe au Maire, "c'est le sens de l'histoire, c'est l'avenir de nos villes, de se recentrer sur les paysages, les piétons, le patrimoine et des villes 'à hauteur d'enfants', qui eux, n'ont pas le recul nécessaire pour recevoir tout ce matraquage publicitaire ".

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