La chute de Lehman ébranle la finance mondiale
Le sentiment que la crise financière fait des victimes de plus en plus grosses nourrit la défiance des investisseurs et favorise le repli sur les valeurs refuges. Vers 13h GMT, le secteur bancaire reculait de près de 9% et l'assurance de 7,9% avec des baisses dépassant 10% pour de grands noms tels qu'UBS, Crédit agricole ou Axa.
Ce soir, les places financières européennes font grise mine. Avec une baisse de 3,78% pour le CAC 40 à Paris, une tendance de - 3,92% pour le Footsie londonien et un recul de 2,74% pour le Dax à Francfort.
_ Plus tard à la Bourse de New York, le Dow Jones a cédé 4,42% et le Nasdaq 3,6%.
Les investisseurs s'interrogent sur l'identité de la prochaine victime de la tempête et le nom de l'assureur American International Group (AIG) est le plus souvent cité. Le New York Times a rapporté qu'AIG, ex-première capitalisation boursière mondiale du secteur de l'assurance, avait approché la Fed en vue de trouver 40 milliards de dollars de financements à court terme.
La banque centrale américaine a annoncé que, pour la première fois depuis sa création, elle allait accepter des actions en guise de collatéraux pour des prêts de liquidités. Parallèlement, dix grandes banques internationales ont créé un fonds d'urgence de 70 milliards de dollars (49 milliards d'euros), dans lequel chacune d'entre elles pourra puiser en cas de besoin urgent.
Lehman Brothers, désormais placée sous la protection du Chapitre 11 de la loi sur les faillites, est le plus important dépôt de bilan d'une firme de Wall Street depuis la chute du spécialiste des "junk bonds" Drexel Burnham Lambert en 1990. Les administrateurs provisoires de la branche européenne de Lehman ont expliqué qu'ils allaient tenter de démanteler la société d'une manière aussi ordonnée que possible.
La chute de Lehman et le rachat de Merrill devraient toutefois avoir des conséquences lourdes sur l'emploi à Wall Street. Selon certaines estimations, le secteur financier a déjà procédé à 100.000 suppression d'emplois et 50.000 autres pourraient s'annoncer maintenant. Lehman emploie plus de 25.000 personnes et Merrill Lynch environ 60.000 dans le monde entier.
"La survie des plus forts"
L'enchaînement des événements traduit une restructuration en profondeur du modèle bancaire américain, avec la disparition de plusieurs banques d'investissement indépendantes et le renforcement des grands groupes diversifiés comme Bank of America ou JPMorgan Chase & Co. Bank of America s'apprête à prendre le contrôle de Merrill Lynch - numéro un mondial du courtage - pour environ 50 milliards de dollars payables en actions, un montant qui fait presque figure de bonne affaire.
Caroline Caldier avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.