La BCE lâche 120 milliards d'euros pour calmer la tempête financière
Ce nouveau lâcher de lest suffira-t-il à irriguer un marché monétaire en voie d'assèchement ? Si ce n'est pas la cas, la BCE annonce déjà qu'elle compte renouveler ces appels d'offres spéciaux “jusqu'à la fin de l'année”.
Cette fois, c'est donc 120 milliards d'euros qu'elle répand pour que les banques puissent à nouveau accéder à des liquidités. Depuis que le système bancaire américain a commencé à dévisser, un tel vent de frilosité a soufflé sur les banques européennes qu'elles ne se prêtent plus d'argent entre elles pour alimenter les crédits. Comme chacun craint d'engager ses liquidités, le marché frôle l'asphyxie. Preuve de cette méfiance, le taux interbancaire - celui auquel les banques se prêtent de l'argent - a bondi, passant de 3,7% à 3,8%.
_ C'est donc pour tenter de faire repartir la mécanique que la BCE ouvre cette ligne de crédit. Les banques ont 38 jours pour la vider.
Mais ces 120 milliards d'euros et le “plan Paulson” n'ont pas suffi à rassurer les marchés aujourd'hui, et les bourses européennes s'offrent un plongeon : Francfort, la plus solide, recule de 4,23%, Paris concède 5,04%, Londres, 5,30%. Les chutes sont plus importantes encore à Bruxelles (-7,98) ou Amsterdam (8,75%), touchées par la crise de Fortis.
Il y a dix jours déjà, la BCE a “destocké” 40 milliards de dollars. Les banques assoiffées se sont jetées sur ces fonds et les demandes ont largement excédé l'offre.
Depuis, la situation ne s'est pas arrangée, et c'est sur fond défaillances bancaires en série qu'a lieu cette seconde opération. Rien que ce week-end, deux grandes banques ont dû être nationalisées, le néerlandais Fortis, repris à 49% par les pays du Benélux et le britannique Bradford and Bingley. En Allemagne, l'Etat a dû injecter 35 milliards d'euros dans la banque Hypo Real Estate et le franco-belge Dexia donne des signes de trous d'air inquiétants.
Afin de faire le point sur la situation en France, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a convoqué les responsables des banques et des assurances demain à l'Elysée, en compagnie du gouverneur de la banque de France, Christian Noyer.
Pour éviter de se retrouver elles-même à cours de liquidités, les grandes banques centrales ont décidé de serrer les rangs. Vendredi, elles ont décidé d'étendre leurs accords dits de swap (échange en anglais). Il s'agit pour chacune d'ouvrir des lignes de crédits pour pouvoir se prêter réciproquement des liquidités à court terme quand l'une ou l'autre doit en injecter dans le système bancaire de sa zone pour éviter l'asphyxie du marché. Cet accord implique la Fed américaine, la Banque centrale européenne, la banque nationale de Suisse et la banque d'Angleterre. La Fed vient d'ailleurs d'augmenter ses lignes de swap destinées aux autres banques centrales : elles passent de 330 à 620 milliards de dollars disponibles. Des chiffres a priori impressionnants, mais qui ne permettront sans doute pas de maintenir le système à bout de bras au-delà de la fin 2008.
Grégoire Lecalot, avec agences
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