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L'UE a tiré jeudi la sonnette d'alarme face à la forte progression de l'euro

"Nous estimons actuellement que l'euro supporte une part disproportionnée del'ajustement des taux de change dans le monde et que (...) cela pourrait affecter la reprise économique, les exportations", a déclaré le porte-parole de la Commission européenne pour les questions économiques, Amadeu Altafaj.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
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  (AFP - PHILIPPE DESMAZES)

"Nous estimons actuellement que l'euro supporte une part disproportionnée de
l'ajustement des taux de change dans le monde et que (...) cela pourrait affecter la reprise économique, les exportations", a déclaré le porte-parole de la Commission européenne pour les questions économiques, Amadeu Altafaj.

Une crainte d'autant plus grande que les perspectives de croissance en Europe sont mitigées. Le Fonds monétaire international a tablé cette semaine sur une reprise seulement "modérée et inégale" dans la zone euro, avec une croissance de 1,7 % cette année puis un ralentissement à 1,5 % l'an prochain.

De son côté, Bruxelles prévoit aussi que la reprise "reste fragile".

La crise de la dette, qui a affecté la zone euro au printemps, menace toujours l'Europe en raison des difficultés bancaires et budgétaires de pays comme l'Irlande. Dans ce contexte, les Européens voient d'un très mauvais oeil le taux de change de l'euro grimper sans cesse. La monnaie unique a franchi jeudi le seuil de 1,40 dollar pour la première fois depuis début février.

Or une hausse de l'euro par rapport aux autres grandes monnaies mondiales renchérit
comparativement les prix des produits exportés par les pays qui utilisent la monnaie unique.

Le bas niveau du yuan chinois
Bruxelles est notamment préoccupée par le bas niveau du . L'UE a demandé cette semaine au Premier ministre chinois Wen Jiabao, en visite à Bruxelles, une appréciation "significative" de sa monnaie. Le yuan "est sous-évalué", a réaffirmé jeudi le commissaire au Commerce, Karel De Gucht.

Les Etats membres veulent que les autorités chinoises respectent un engagement pris le 19 juin d'accroître la "flexibilité" du taux de change de leur monnaie. "Ces annonces n'ont pas été suivies d'avancées concrètes", a regretté Amadeu Altafaj. En clair, Pékin se refuse toujours à réévaluer sa devise.

A présent, le regard de l'UE se tourne aussi vers les Etats-Unis. Pour Bruxelles, les déséquilibres monétaires actuels sont "une question cruciale dans un contexte de reprise (économique) fragile et d'incertitudes. Nous allons continuer à le dire aux Chinois mais aussi aux Américains et à M. (Timothy) Geithner", le secrétaire au Trésor américain, a indiqué le porte-parole pour les questions économiques.

Les Etats-Unis sont soupçonnés de se satisfaire pleinement de voir le billet vert fondre car cela stimule les exportations au moment où la croissance du pays patine. Ces questions domineront une réunion des grands argentiers et gouverneurs des banques centrales des pays du G7 vendredi soir à Washington, puis l'assemblée annuelle du Fonds monétaire international au même endroit pendant le week-end.

Atmosphère de "guerre des changes"
L'inquiétude grandit au niveau mondial face à l'atmosphère de "guerre des changes"
entre grandes puissances. L'objectif: affaiblir les devises respectives des "copains" afin
d'exporter davantage.

Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a indiqué prendre "très au sérieux la menace d'une guerre des monnaies, même larvée", dans un entretien publié jeudi par le quotidien français Le Monde. Il a promis que le FMI ferait des "propositions" pour "l'éviter". Selon DSK, la reprise de l'économie mondiale peut faire ressurgir "la tentation de solutions nationales", "notamment en matière de monnaies".

Un autre grand pays comme le Japon est intervenu pour affaiblir le yen. Quant au Brésil, il a pris des mesures pour limiter l'entrée de capitaux dans le pays et la hausse du real.

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