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L'Egypte qui connaissait avant la crise une croissance tournant autour de 7% par an a peu subi la crise financière

La croissance a cependant ralenti de près de trois points mettant en lumière les plaies du pays: pauvreté, sous-emploi persistant et faiblesse des salaires.Si les privatisations ont provoqué une arrivée de capitaux qui ont bénéficié à certains secteurs, nombre de services restent très fragiles (alimentation électrique, réseau d"eau, transports…).
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Le Queen Mary II dans le Canal de Suez: le tourisme et le Canal, deux sources de revenus pour l'Egypte (AFP/)

La croissance a cependant ralenti de près de trois points mettant en lumière les plaies du pays: pauvreté, sous-emploi persistant et faiblesse des salaires.

Si les privatisations ont provoqué une arrivée de capitaux qui ont bénéficié à certains secteurs, nombre de services restent très fragiles (alimentation électrique, réseau d"eau, transports…).

Après le dirigisme de l'époque de Nasser, l'économie égyptienne s'est progressivement ouverte sous Sadate et notamment sous Moubarak qui a multiplié les privatisations attirant d'importantes quantités de capitaux étrangers.

La carte de l"Egypte montre bien la faiblesse de la superficie utile de ce pays de plus de 80 millions d"habitants qui est cependant la deuxième puissance économique d"Afrique. Principalement ouverte sur la Méditerranée et la Mer Rouge, l"Egypte est le pays d"Afrique le plus industrialisé après l"Afrique du Sud (l"industrie génère aujourd"hui 36% du PIB), tout en étant un important pays agricole (14% du PIB).

«Peu frappée par la crise financière de l"automne 2008, en raison d"un secteur financier et bancaire encore peu exposé aux produits financiers risqués et encadré par une politique
conservatrice de la banque centrale, la crise s"est manifestée alors que l"Egypte était parvenue au cours des trois dernières années à consolider sa situation, tant en termes de croissance interne que de comptes externes", écrit le service économique de l'ambassade de France en Egypte.

L'Egypte a ainsi pu préserver un niveau de croissance honorable en 2008-2009, grâce à une demande domestique dynamique même si celle-ci demeure insuffisante pour maintenir l"emploi et faire reculer la part de la population vivant encore sous le seuil de pauvreté. L'année 2008/2009 avait été marquée par la chute de la demande externe et un fort ralentissement de la croissance de l"économie égyptienne (4,7%). La crise mondiale a entrainé une baisse importante des exportations (-14,2%).

Malgré une géographie difficile, l'économie égyptienne dispose d'importants atouts.
Tout d'abord, le secteur des hydrocarbures représente près de 10% du PIB égyptien. La production actuelle de pétrole est de 700.000 barils/jour. Les réserves prouvées représenteraient 4,07 milliards de barils (6ème rang en Afrique). Environ 55 milliards de m3 par an sont produits. Grâce à son patrimoine culturelle (antiquités) et géographique (Mer Rouge, désert...), l'Egypte est un important pays touristique. En 2010, le tourisme a connu un résultat record 14,7 millions de visiteurs (+17,5% par rapport à 2009). Malgré l'industrialisation du pays, le tourisme reste une importante source de devises et représente environ 11 % du PIB. Enfin le canal de Suez, nationalisé par Nasser, a rapporté 4,3 mds de dollars de recettes en 2009 (environ 10% du budget du pays).

Bien qu'importante, la production pétrolière ne suffit pas à couvrir la consommation intérieure. Celle-ci, très subventionnée pèse lourd sur les finances publiques.

Les exportations égyptiennes sont très largement dépendantes des ventes d"hydrocarbures (principalement du gaz naturel), qui ont représenté un peu plus de 45% du total des produits exportés en 2009-2010. Les recettes tirées de ces exportations dépendent beaucoup des cours mondiaux. Les produits finis dont les engrais, le riz (dont les exportations ont presque triplé) les textiles de coton, le prêt-à-porter, les produits de l"acier. « Les exportations ont constitué la 3ème source de devises du pays après le tourisme, les transferts des expatriés mais devant les recettes du Canal de Suez », précise la note économique de l"ambassade de France.

Sur le plan social, le chômage reste important, dépassant officiellement les 10% tandis que les revenus sont très faible. 40% de la population vivraient avec moins de dollars par jour. Le journal "Les Echos" indique que le SMIC a été réévalué juste avant les élections et est passé à 50 euros par mois. Un tiers des adultes seraient illettrés.


Les liens économiques avec la France
L'Egypte n'est pas un partenaire très important de la France malgré les liens historiques entre les deux pays. Les Etats-Unis sont le premier client de l'Egypte et l"Asie est le quatrième. En Europe, c'est l"Italie qui est de loin le premier pays européen de destination des exportations égyptiennes, la France étant passée du 5ème au 7ème rang en raison notamment de la forte baisse de nos importations de gaz égyptien. Dans l'autre sens, l"Union Européenne est le premier fournisseur de l"Egypte. La France a, de son côté, reculé à la 6ème place.

Au niveau des entreprises, Danone est le numéro un des produits laitiers frais en Egypte, où le groupe est présent depuis cinq ans. Lafarge réalisait en 2009 4% de son chiffre d'affaires en Egypte, où il possède une importante usine de ciment, cinq carrières de granulats et 21 centrales à béton. Le cimentier emploie plus de 2000 personnes. D'autres entreprises sont implantées dans le pays: Schneider, Nexans, Vinci, Bouygues. Dans les services, les banques françaises sont implantées en Egypte ainsi que les groupes touristiques (comme le Club Med qui dispose de trois "villages" ou Accor).

Données sur l'Economie égyptienne

Population: 82 999 393 habitants en 2009
Superficie: 997.738 km2.
Pourcentage de terres agricoles : 3,6%

PIB par habitants : 2270 dollars (Banque Mondiale 2007)

(par comparaison : Tunisie PIB/habitant 3792)

Part des principaux secteurs d"activités dans le PIB :
- agriculture : 15,5%
- industrie : 32,1%
- services : 52,4% )

40% de la population vivant avec moins de 2 dollars/jour

Espérance de vie : 70 ans en, 2008 (BM)
Tx alphabétisation : 66% (BM)
Tx de mortalité infantile 21 pour 1000
(comparaison Brésil 22, France 4)
Tx de fécondité : 2,9 (nombre de naissances par femme)

Population dans le secteur agricole 31% (BM)
Population urbaine : 43%




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