L'agence de notation, Standard and Poor's (S&P), a dégradé d'un cran la note de la dette à long terme de l'Espagne
S&P justifie le passage de "AA+ à AA-" par la mauvaise situation économique du pays.
Après des décisions similaires mardi, sur la Grèce et le Portugal, entraînant la baisse des bourses européennes, la question du rôle des agences de notation, déjà critiquées pendant la crise, est de nouveau posée.
Mercredi, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a tenu à relativiser leur impact. Interrogé sur le rôle de ces agences et le crédit à accorder à leurs avis, M. Strauss -Kahn a répondu: "elles reflètent ce qu'elles collectent (comme informations) sur le marché". "Il ne faut pas trop croire ce qu'elles disent, même si elles ont leur utilité", a-t-il ajouté.
Les agences de notation sur la sellette
Mercredi, la Commission a appel" les agences à agir "de façon responsable" dans "une période difficile et sensible". "Nous attendons des agences de notation financière, quand elles évaluent le risque grec, qu'elles prennent bien en compte les fondamentaux de l'économie grecque et le plan de soutien préparé par la BCE, le FMI et la Commission", a ajouté la porte-parole de la Commission pour les services financiers, Chantal Hughes.
L'Union européenne a par ailleurs déjà décidé de durcir la surveillance des agences de notation avec une directive entérinée il y a un an et qui devrait entrer en vigueur le 7 décembre.
Certains économistes se posent cependant en défenseur des agences de notation. "Les agences de notation travaillent, enquêtent. On peut pinailler sur une différence d'un grade mais, fondamentalement, elles jouent leur rôle", souligne Gunther Capelle-Blancard, directeur-adjoint du Centre d'Etudes prospectives et d'Informations internationales (CEPII).
"Si les notations sont aussi regardées, c'est parce que les Etats ont été incapables de réguler les marchés financiers et d'interdire la spéculation sur les CDS", souligne pour sa part Henri Sterdinyak, directeur du Département économie de la mondialisation à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
De son côté, le directeur-adjoint du CEPII relève que "tout le monde s'attendait à un abaissement de la note de la Grèce même s'il est arrivé plus vite qu'attendu".
"Quand les agences de notation interviennent trop tard, on leur reproche de ne pas avoir anticipé la crise. Quand elles le font un peu trop tôt, on leur reproche de provoquer la crise. A un moment, il faut être cohérent", assène-t-il.
L'Espagne appelle à la "tranquillité des marchés"
Si les décisions de dégrader la note de la Grèce et le Portugal étaient directement liées au mauvais état des finances de ces deux pays, c'est davantage la faible croissance à moyen terme qui explique la décision de S&P concernant l'Espagne.
"Nous estimons que la croissance réelle du PIB (espagnol) sera en moyenne de 0,7% par an sur 2010-2016, contre une prévision antérieure supérieure à 1% par an", a déclaré S&P dans un communiqué.
Le déficit public espagnol a explosé en 2009. Il s'est élevé à 11,2% du PIB selon Eurostat, bien au-delà de la limite des 3% du pacte de stabilité européen. Le gouvernement socialiste s'est engagé à le ramener à 3% en 2013, mais S&P estime "que le déficit public devrait probablement encore excéder 5% du PIB d'ici 2013".
L'économie espagnole peine à sortir de la récession qui frappe le pays depuis 2008 et souffre d'un taux de chômage dépassant les 20%.
Après l'annonce de S&P sur l'Espagne, le gouvernement socialiste a lancé un appel au calme et à la "tranquillité des marchés". "Nous avons un plan très sérieux de consolidation fiscale et de réduction du déficit pour le réduire à 3% en 2013. Nous avons adopté un plan d'austérité, nous avons mis en marche une réforme du marché du travail. Nous sommes en train d'adopter toutes les mesures pour tenir nos engagements", a réagi la vice-présidente du gouvernement Maria Teresa Fernandez de la Vega.
"Je crois que les marchés évalueront la situation ainsi. Quand le cas de la Grèce aura été résolu, je pense que les choses retrouveront leur juste place", a-t-elle ajouté.
Fin janvier, le gouvernement espagnol a adopté un plan d'économies de 50 milliards d'euros sur trois ans. Il comprend des coupes dans les dépenses de l'Etat, un gel annoncé des embauches de fonctionnaires et des hausses d'impôts. Le gouvernement envisage également de repousser de 65 à 67 ans l'âge du départ à la retraite.
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