Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'Economie 2001, se montre critique sur les politiques économies menées en Europe et aux USA
Entre la Fed qui pratique "une politique de dévaluation compétitive" et la zone euro qui a choisi "la voie de l'austérité", le Prix Nobel d'Economie présent à Paris jette un regard sombre sur l'économie mondiale.
A propos de l'Europe, il affirmait dans " Libération" de mercredi que la crise de l'euro était loin d'être terminée. "Oui l'euro peut disparaître "faute de politiques appropriées et d'institutions équilibrées comme un fonds de solidarité pour la stabilité durable", disait-il.
Il mettait aussi en cause "la voie de l'austérité choisie par l'Europe, sous la pression des marchés. Elle va retarder la sortie de crise, affaiblir les maillons les vulnérables de la zone euro et de l'Union européenne".
A propos des Etats-Unis, il indique dans les Echos de jeudi, qu'il réfute la notion de guerre des changes affirmant que les états émergents ne font que se défendre par la rapport à la politique monétaire de la Fed (banque centrale américaine) qualifiée de "politique de dévaluation compétitive". Pour le prix Nobel, la politique monétaire américaine n'a aucun effet sur la distribution interne de crédits mais provoque un afflux de capitaux vers les pays émergents qui n'en ont pas besoin en raison du plein emploi et d'une épargne abondante.
Selon lui, la Chine laissera sa monnaie monter quand "le monde retrouvera la croissance".
Colloque "Nouveau Monde, Nouveau capitalisme"
(Joseph Stiglitz -qui vient de publier en poche chez Babel "le triomphe de la cupidité" 10,5 euros- intervient lors d'un colloque qui se tient jeudi, colloque qui peut être suivi en direct sur le site internet du ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie).
Au cours de ce colloque, le Premier ministre grec Georges Papandréou a plaidé jeudi à Paris en faveur de la création d'euro-obligations, une idée rejetée jusqu'ici par l'Allemagne et la France mais qui peut selon lui "contribuer à résoudre la crise de la dette de la zone euro". "Il y a un soutien croissant pour l'émission d'euro-obligations en tant qu'instrument financier concret qui peut aider l'Europe à atteindre des objectifs majeurs", a estimé le Premier ministre socialiste grec, confronté à un chantier colossal de réduction du déficit et de relance de l'économie dans son pays.
De son côté, François Fillon a estimé que la crise qui secoue la zone, n'est pas une crise de la monnaie unique, qui est "indiscutablement une monnaie forte". L'Europe doit aller vers une convergence fiscale, voire sociale pour renforcer l'euro, a-t-il déclaré.
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