: Infographies Quatre données révélatrices sur les inégalités en France
L'Observatoire des inégalités publie un rapport de 200 pages qui dénonce la montée des inégalités comme une menace pour la cohésion de la France. Zoom sur quatre d'entre elles, pas forcément connues.
Un pavé à prendre en compte. L'Observatoire des inégalités a publié, jeudi 4 juin, son premier rapport sur les inégalités. Premier constat : celles-ci augmentent, et une part croissante de la population n'arrive plus à boucler les fins de mois, ni à vivre dans des conditions décentes.
"La France qui va mal est populaire, celle dont on entend la plainte est aisée", souligne Louis Maurin, le directeur de l'Observatoire, notamment à propos des doléances fiscales. L'Observatoire rappelle que les 10% les plus fortunés détiennent en patrimoine la moitié de la richesse de la France.
Cet impressionnant travail de 200 pages dresse un impitoyable état des lieux qui s'appuie sur les données existantes. Focus sur cinq données révélatrices des inégalités de la société françaises qui méritent d'être relevées, même si elles ne sont pas les plus connues.
Plus d'un million d'enfants pauvres
La pauvreté, relève l'Observatoire des inégalités en s'appuyant sur les statistiques 2011 de l'Insee, frappe en priorité les plus jeunes : d'abord les enfants de moins de 10 ans (10,9%), les adolescents (12,3%) et les jeunes adultes (11,1%). Les tranches proportionnellement les moins touchées sont les adultes de 30 à 59 ans (7,3%) et les plus âgés (3,6%). Selon les statistiques 2012 d'Eurostat, il y a 1,2 million d'enfants pauvres en France, qui sont eux-mêmes des enfants de pauvres, c'est-à-dire de travailleurs pauvres ou sans emploi.
Quasiment aucun employé ou ouvrier chez les députés
Alors que les employés ou les ouvriers représentent près de 50% de la population, seule 3% de l'Assemblée nationale émane de leurs rangs, s'étonne l'Observatoire des inégalités en s'appuyant sur une étude du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) de 2012. A l'inverse, 82% des députés sont cadres ou exercent une profession intellectuelle supérieure, contre 17% à peine de la population.
Comment s'explique une telle distorsion ? Parce que les partis ne choisissent pas comme candidats des militants issus des milieux populaires (qui sont d'ailleurs de moins en moins nombreux), mais des diplômés qui appartiennent aux réseaux du pouvoir, et maîtrisent les codes des classes sociales aisées.
L'obésité, un marqueur social
L'obésité a progressé de 5 points entre 2000 et 2012 : 10% de la population était obèse à l'orée du XXIe siècle, 15% douze ans plus tard, soit 7 millions d'adultes touchés. Mais sait-on qu'elle est deux fois plus répandue dans les catégories les moins favorisées (16,7% chez les ouvriers) que chez les cadres supérieurs (8,7%) ? C'est ce qui ressort de l'étude ObePi menée tous les trois ans à l'initiative du laboratoire Roche avec l'Inserm et l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) en 2012.
Le niveau de diplôme joue fortement dans les pratiques alimentaires, note également l'Observatoire des inégalités. Il relève enfin que l'idéal de minceur est porté par les catégories aisées, et que les personnes obèses sont stigmatisées ou discriminées par rapport à une norme sociale sur laquelle on ne s'interroge pas toujours.
Les plus pauvres consacrent un tiers de leur budget pour se loger dans le privé
La crise du logement touche 8,5 millions de personnes, selon la Fondation Abbé-Pierre, qui a publié en janvier son 20e rapport sur les mal-logés. Or le poids des dépenses de logement, remarque l'Observatoire, est d'autant plus important que le revenu des ménages est bas, même si les allocations sont prises en compte.
En 2006, ce taux d'effort net (part du budget consacrée au logement, en tenant compte des aides) se montait, pour les locataires du parc privé, à 30% de leur budget pour les 20% les moins riches – et même 39% pour les 10% les plus pauvres – contre 17% pour les 20% les plus aisés.
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