"Shrinkflation", "cheapflation", "greedflation"… On vous explique ces techniques commerciales des marques en période d'inflation

Ces pratiques sont à la limite de la légalité mais régulièrement dénoncées par des associations qui réclament plus de transparence.
Article rédigé par franceinfo
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Illustration supermarché. (DENIS CHARLET / AFP)

Ce sont des anglicismes qui circulent depuis plusieurs mois  : "shrinkflation", "cheapflation", "greedflation". Ils traduisent différentes stratégies mises en place par les marques pour maximiser leurs profits sans être toujours transparentes à l'égard des consommateurs. Ces pratiques dans un contexte inflationniste sont à la limite de la légalité et régulièrement dénoncées par des associations de défense des consommateurs, comme l'UFC-Que Choisir ou Foodwatch.

Par définition, l'inflation caractérise une augmentation générale et durable des prix. Récemment, c'est surtout dans le secteur de l'alimentation que l'inflation a le plus explosé en France, atteignant quasiment 16% au printemps 2023. Cette inflation alimentaire a depuis ralenti à 5,7% sur un an en janvier 2024. Les prix continuent donc de grimper, mais de manière beaucoup moins forte.

Shrinkflation

Le terme est une contraction de l'anglais "shrink", "rétrécir" et d'"inflation". On parle aussi de réduflation, en bon français. Cette stratégie commerciale consiste à réduire la quantité de produit dans un bien, tout en maintenant le même prix, voire en l'augmentant.

Dans ses enquêtes, l'ONG Foodwatch a dénoncé une inflation masquée de certains produits alimentaires : des marques ont par exemple réduit la taille de leurs produits vendus à l'unité tout en augmentant leurs prix au kilo. Cette pratique peu honnête est cependant légale. L'ONG a aussi épinglé des enseignes de la grande distribution pour ne pas avoir mis à jour les étiquettes de prix de certains produits. Le gouvernement planche sur un projet d'arrêté pour obliger, d'ici fin mars, les supermarchés à informer davantage les consommateurs sur cette pratique des fabricants, agroindustriels ou distributeurs.

Cheapflation

Ce mot-valise dérive de l'anglais "cheap", "bon marché". Cette pratique consiste pour une marque à réduire, supprimer ou substituer un ingrédient par un autre moins cher et/ou de moins bonne qualité, sans baisser pour autant le prix du produit, et sans en informer le consommateur.

L'ONG Foodwatch a notamment épinglé les bâtonnets de surimi Fleury Michon, dont la chair à poisson a diminué de 11% alors que le prix au kilo a augmenté de 40% entre 2021 et 2023. Mais d'autres marques sont visées : Eight (Nestlé), Bordeaux Chesnel, Findus, Maille (Unilever) et Milka (Mondelez). Selon l'ONG, cette pratique est de plus en plus répandue avec l'inflation.

Greedflation

Le mot dérive de l'anglais "greed", "cupidité". C'est une pratique par laquelle une marque profite d'un contexte inflationniste pour augmenter artificiellement le prix de ses produits, sans lien avec la hausse des coûts des matières premières, ou de manière disproportionnée.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), les marges et les profits des entreprises ont contribué à 45% de l'inflation entre 2022 et 2023 en Europe. La hausse du prix des matières premières vient en deuxième position, à 40%. C'est-à-dire qu'une partie non négligeable de l'inflation est générée par l'augmentation des marges des entreprises. Une situation à relativiser en France où, selon l'Insee, les marges ne sont pas la première cause de l'inflation. Face à ces tactiques commerciales parfois difficiles à détecter en magasin, l'UFC-Que Choisir conseille de toujours scruter le prix au kilo ou au litre, même lorsque les produits sont signalés "en promotion".

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