Prix de l'énergie : "C'est un tsunami financier qui va nous arriver", déplore le maire LR, Christophe Dietrich
Le maire LR de Laigneville (Oise) demande à l'État de faire un geste envers les communes de taille moyenne comme la sienne pour faire face à l'augmentation des prix de l'énergie.
"C'est un tsunami financier qui va nous arriver", alerte Christophe Dietrich, maire LR de Laigneville dans l’Oise, invité jeudi 15 septembre sur franceinfo. Il en appelle au soutien de l'État, "peut-être des dégrèvements d'impôts, peut-être des choses en moins à payer", suggère-t-il pour faire face à l'augmentation des prix de l'énergie et à l'inflation. "Les toutes petites collectivités ont droit au bouclier tarifaire mais les collectivités moyennes n'ont droit à strictement rien", déplore-t-il, alors que Gabriel Attal, le ministre de l’Action et des Comptes publics, évoque sur franceinfo un dispositif de 430 millions d'euros pour aider les 6 000 plus grosses communes qui ne bénéficient pas du bouclier tarifaire sur l'énergie. Pas informé, Christophe Dietrich dit "payer plein pot".
franceinfo : Vous dénoncez le fait de ne pas avoir droit au bouclier tarifaire du gouvernement sur les prix de l'énergie ?
Christophe Dietrich, maire LR de Laigneville : Les toutes petites collectivités ont droit au bouclier tarifaire mais les collectivités moyennes n'ont droit à strictement rien. Gabriel Attal parle d'un dispositif d'environ 500 millions d'euros mis en œuvre pour les communes mais moi je n'ai reçu aucun message de la préfecture, ni du gouvernement me disant qu'il y avait un tel dispositif. Aujourd'hui je paie plein pot.
Vous avez vu vos dépenses exploser ?
Pour vous donner un exemple, j'ai payé au 31 mai autant d'électricité que pour toute l'année 2021. L'an dernier, j'ai payé 93 000 euros de gaz pour chauffer mes bâtiments, notamment mes bâtiments liés à l'enfance et la petite enfance. Si je fais le calcul par rapport à ce qui se passe dans les entreprises aujourd'hui, sans bouclier tarifaire, potentiellement, je peux passer de 93 000 à 930 000 euros de dépenses l'année prochaine, soit 10 fois plus. Cela n'est pas tenable. À un moment donné on ne sera plus en capacité de pouvoir faire les cantines, les centres de loisir, le périscolaire et soutenir nos habitants dans un moment où ils vont avoir le plus besoin de nous.
Y a-t-il déjà des conséquences pour vos administrés ?
Oui. À la cantine, par exemple, je ne prends que les enfants dont les deux parents travaillent ou un parent si c'est une famille monoparentale. Je n'ai pas la capacité, compte tenu de ce que je vais payer, de pouvoir embaucher du personnel en plus. Il faut savoir que lorsque je garde un enfant entre 11h30 et 13h30, repas compris, cela me revient à 13,43 euros par jour et par enfant mais je ne fais payer aux familles que 3,70 euros parce qu'on a un rôle social. Mais aujourd'hui, ce rôle social, je ne peux plus le tenir. C'est ça qui est terrible. D'autant qu'il n'y a pas de solution miracle. Quelles que soient les mesures d'économies qu'on va prendre sur nos communes, le résultat sera parfaitement marginal à côté du tsunami financier qui va nous arriver.
Qu'attendez-vous du gouvernement ?
On demande un soutien de l'État, peut-être des dégrèvements d'impôts, peut-être des choses en moins à payer. Il faut savoir que nos dotations globales de fonctionnement ont augmenté. Nos entrées d'argent sont les mêmes, mais nos coûts explosent. On veut simplement avoir la capacité d'accompagner notre population pendant la période de disette qu'on va avoir et, malheureusement, on n'en a pas la garantie.
Sentez-vous de l'inquiétude chez vos habitants, malgré le chèque énergie et les mesures annoncées par le gouvernement ?
J'ai pas mal d'administrés qui sont juste au-dessus de la limite, ils ne toucheront pas de chèque énergie et ils se trouvent aujourd'hui dans une situation compliquée. Ce matin, j'ai eu dans mon bureau une fonctionnaire de la mairie qui m'explique qu'elle ne peut plus manger à partir du 15 du mois. Il y a un vrai problème. Le chèque énergie laissera des gens au bord du chemin et notamment ceux qui sont un peu au-dessus des plafonds. Ils gagnent peut-être un peu mieux leur vie mais ils n'ont aucune protection. Ce sont eux qui paient l'impôt, qui travaillent, qui subissent de plein fouet la totalité des augmentations. Ce n'est pas audible, pour eux, c'est la double peine. Le vrai danger aujourd'hui c'est qu'on a une classe moyenne qui est en train de se paupériser à vitesse grand V.
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