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Précarité alimentaire : le Secours populaire note de plus en plus de travailleurs pauvres et voit revenir d'anciens bénéficiaires

Une étude du Crédoc révélée ce mercredi par franceinfo souligne que 16% des Français déclarent ne pas manger à leur faim. Ce constat n'étonne pas au Secours populaire. Son secrétaire général voit même une accélération des demandes d'aides depuis le début de l'année dernière.
Article rédigé par franceinfo
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Distribution du Secours Populaire à Perpignan. (CLEMENTZ MICHEL / MAXPPP)

"On voit arriver le monsieur et la dame avec les enfants alors que tous les deux travaillent et n'y arrivent pas", explique le mercredi 17 mai sur franceinfo Jean Stellittano, secrétaire général du Secours populaire, alors qu'une étude du Crédoc révélée par franceinfo affirme que 16% des Français déclaraient à la fin de l'année ne pas pouvoir manger à leur faim.

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Ce chiffre ne surprend pas le secrétaire général qui note "beaucoup d'arbitrages" et de "renoncements" de la part des Français. "Soit on paye le loyer, soit on paye à manger", regrette-t-il avant d'ajouter : "On voit aussi des gens qu'on a aidés il y a quatre, cinq ans, qui ne venaient plus et qui reviennent".

franceinfo : Etes-vous surpris par ce chiffre ?

Jean Stellittano : malheureusement, ce n'est pas nouveau pour le Secours populaire. On voit une très forte accélération des demandes d'aide surtout depuis le début de l'année dernière avec, dans certaines régions, jusqu'à 50% de personnes en plus qui viennent nous demander de l'aide et surtout avec beaucoup de travailleurs pauvres. Nous voyons des couples qui travaillent et qui, malgré leurs revenus, au 20 du mois, n'arrivent plus à remplir le frigo.

"On constate qu'il y a de plus de plus de renoncements aux soins, aux vacances"

Jean Stellittano, secrétaire général du Secours populaire

à franceinfo

Il y a aussi beaucoup d'arbitrages : soit on paye le loyer, soit on paye à manger. La courbe du chômage baisse, mais celles de la précarité et de la pauvreté augmentent, c'est donc bien que les emplois qui sont créés ne permettent pas aux gens d'être autonomes et de vivre dignement.

Est-ce qu'il y a des gens qui viennent vous voir pour la première fois ?

Les familles monoparentales représentent 70% des personnes que nous aidons. Là, on voit arriver le monsieur et la dame avec les enfants alors que tous les deux travaillent et n'y arrivent pas. À la moitié du mois, ils ont payé le loyer, les frais, l'énergie et on doit les aider. On voit aussi des gens qu'on a aidés, il y a quatre, cinq ans, qui ne venaient plus et qui reviennent.

Où en sont les niveaux des dons ?

On constate qu'il n'y a pas nécessairement de fléchissements des dons financiers, il y a un maintien. Mais qui dit maintien, dit que c'est insuffisant puisque d'un côté, on a une courbe importante de nouveaux bénéficiaires alors que les soutiens restent stables. En moyenne, nous recevons des dons compris entre 70 et 80 euros, ça dépend des régions.

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Le maillage de la solidarité tient donc le choc pour le moment et les bénévoles sont présents, mais pour combien de temps encore ? Concernant l'inflation, il faut savoir que tous nos camions fonctionnent à l'essence, nos frigos consomment de l'électricité... On a noté une augmentation de 15% des coûts de frais de fonctionnement du Secours populaire. On n'avait pas prévu ça dans nos budgets, on sollicite donc les donateurs et les pouvoirs publics pour nous soutenir.

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