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Inflation : dans un courrier adressé aux industriels et aux supermarchés, Bruno Le Maire hausse le ton face aux acteurs de l'alimentation

Dans son courrier, le ministre de l'Économie demandent aux industriels et aux supermarchés de répercuter la baisse à venir du prix des matières premières sur les étiquettes.

Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale le 4 avril 2023. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Les prix alimentaires n'en finissent plus de s'envoler dans les commerces : +17% sur un an, selon l'Insee. Cette flambée des prix devrait bientôt se calmer d'après les dernières projections, et même s'inverser. Mais quand cela se verra-t-il dans les rayons des supermarchés ? Le plus vite possible, demande le ministre de l'Économie Bruno Le Maire aux industriels de l'alimentation dans un courrier que franceinfo s'est procuré.

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Un courrier destiné faire peser une véritable pression sur les industriels. Le propos est évidemment très policé, mais le ministre Bruno Le Maire est assez clair dans ses exigences. "Plusieurs indicateurs conduisent la Banque de France à envisager une décrue de l'inflation au premier semestre, écrit-il. Nos concitoyens, auxquels il a été demandé d’assumer les conséquences du contexte inflationniste sur le prix des produits qu’ils achètent quotidiennement, ne comprendraient pas, à juste titre, que les baisses de prix à venir sur l’amont de la chaîne économique ne leur soient pas restituées symétriquement."

Lettre adressée par Bruno Le Maire et Olivia Grégoire aux fournisseurs et à la grand distribution. (DOCUMENT FRANCEINFO)

Cela mérite quelques explications. Il faut savoir que les prix sont fixés en théorie d'une année sur l'autre lors des négociations annuelles entre les industriels de l'agroalimentaire et la grande distribution. Les lois Egalim, issues des états généraux de l'alimentation, ont déjà prévu que ces négociations puissent rouvrir en cas de flambée des prix des matières premières. C'est ce qu'il s'est passé l'an dernier avec la guerre en Ukraine, lorsque le prix du gaz s'est envolé. Or, du gaz, il en faut à tous les niveaux, pour fabriquer des engrais azotés, pour cuire les aliments, fabriquer du verre, entre autres. Les industriels ont obtenu une hausse de 10% de leurs tarifs en moyenne.

Une nécessaire renégociation des prix à la baisse

Cette fois, le ministre prend les devants et explique qu'il faut que cette renégociation fonctionne dans les deux sens, à la hausse comme à la baisse. Autrement dit : si le prix des matières premières baisse, il faut que tout le monde en profite. La Banque de France prévoit une baisse de l'inflation à la mi-année,
et donc une baisse des prix alimentaires.

Cette baisse a déjà commencé. La FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, note que les prix de l'alimentation ont chuté de 20% en un an. D'où la conclusion du ministre dans cette lettre envoyée aux industriels, mais aussi adressée aux supermarchés : "Nous demandons aujourd’hui aux fournisseurs, grands industriels et acteurs de la grande distribution de s’inscrire de façon volontaire (...) dans une perspective de renégociation infra-annuelle des contrats, afin que les prix de cession soient revus à la baisse (...). Nous engageons les distributeurs (..) à veiller à ce que les réductions de prix qui pourront résulter de cette renégociation soient le moment venu restituées aux consommateurs, intégralement et sans délai."

"Oui, il faut renégocier", estime la Fédération du commerce

"Globalement, on voit bien que des produits comme le blé ou les transports, leur cours a beaucoup baissé par rapport à il y a un an. Donc il n'y a aucune raison de ne pas le transcrire dans les prix d'achat aux industriels", réagit vendredi sur franceinfo Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). "Cette lettre est une très bonne nouvelle", se réjouit le responsable, pour qui "oui, il faut renégocier", parce que "beaucoup de prix ont baissé".

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La FCD estime cependant que la demande du gouvernement "concerne essentiellement les très grandes entreprises" dont beaucoup d'entre elles "ont profité de la situation pour augmenter leurs prix de manière importante et augmenter leurs marges". Cela concerne notamment "Coca-Cola, Nestlé, Ferrero, Nutella, L'Oréal", assure le délégué général de la FCD. "Ces grandes entreprises ont des marges très élevées, ont augmenté de manière importante leurs prix parce qu'elles ont des produits qui sont considérés comme un peu indispensables dans les rayons. Et donc ils ont une capacité à imposer des hausses de prix très fortes."

Aux industriels de "faire des efforts"

Jacques Creyssel affirme que les hausses demandées par les industriels, "qu'ils ont en partie obtenues, sont plus élevées que ce qui était vraiment nécessaire par la hausse des coûts". "Quand les coûts ont monté beaucoup, les distributeurs ont accepté d'augmenter les prix. Désormais, il faut repartir dans l'autre sens", martèle la FCD.
 
Cette baisse doit se faire "le plus rapidement possible et de la manière la plus efficace possible pour qu'il y ait une traduction dès cet été dans les prix payés par l'ensemble de nos clients", promet Jacques Creyssel. Mais selon lui, les distributeurs ne peuvent pas baisser les prix tant que les industriels ne l'ont pas fait. "Nous avons des marges extrêmement faibles, de l'ordre de 1 %. Donc on a une capacité de baisse de prix la plus faible qui puisse exister." La baisse des prix, les distributeurs l'ont faite "d'une manière générale, notamment dans le cadre du trimestre anti inflation. On a pris cet engagement-là vis-à-vis du gouvernement et des Français". La FCD demande à présent "que les groupes industriels acceptent" et "fassent des efforts". Les distributeurs ne peuvent pas "le faire sur tous les produits qui sont vendus excessivement cher aujourd'hui par ces grands industriels qui ont des marges qui sont dix ou quinze fois supérieures aux nôtres", ajoute Jacques Creyssel.

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