Inflation "modérée" depuis 2002 : l'Insee reconnaît "un décalage entre ce que nous mesurons et le ressenti des ménages"
Marie Leclair, chef de la division des prix à la consommation de l'Insee, a expliqué, mercredi sur franceinfo, que les ménages seront plus marqués par une augmentation des prix que par une baisse.
De 2002 à 2016, les prix à la consommation ont augmenté de 1,4% en moyenne par an en France. Cette inflation est inférieure à celle des 15 années précédentes, selon une enquête de l'Insee, publiée mercredi 24 mai. "Il y a un décalage entre ce que nous mesurons et le ressenti des consommateurs", a reconnu, mercredi sur franceinfo, Marie Leclair, chef de la division des prix à la consommation de l’Insee et co-auteure de l’étude.
franceinfo : Comment expliquer ce décalage entre les chiffres et le sentiment partagé par beaucoup de Français que le coût de la vie est de plus en plus élevé ?
Marie Leclair : Effectivement, il y a un décalage entre ce que nous mesurons et le ressenti des consommateurs. Nous avons des enquêteurs qui, tous les mois, vont relever des prix dans à peu près 30 000 points de vente, soit 200 000 produits représentatifs du panier de consommation d'un ménage moyen. Or, chaque ménage a son propre panier de consommation. D'un ménage à l'autre, il y a donc une inflation perçue différente.
Avez-vous des exemples ?
Vous ne percevrez pas l'augmentation du prix de l'essence de la même manière si vous avez une voiture ou si vous n'en avez pas. Les ménages ne vont pas donner le même poids à une hausse de prix qu'à une baisse. Pour eux, une hausse de prix est plus importante, car elle va avoir un impact direct sur leur budget. Ils auront tendance à mieux s'en rappeler. On a constaté aussi que les ménages sont enclins à donner plus de poids à des produits qu'ils achètent fréquemment comme la baguette de pain. Ils l'achètent tous les jours, donc pour eux, cela a un fort impact sur leur perception de l'inflation. La baguette représente sans doute moins, dans leurs dépenses, qu'un produit électroménager qu'ils n'achèteront qu'une fois par an, mais pour lequel ils ne retiendront pas forcément la baisse de prix.
Peut-on en conclure que l'euro a permis de contenir l'inflation ?
Notre étude se contente avant tout de constater une modération de l'inflation depuis le passage à l'euro. Cette inflation est effectivement inférieure à celle mesurée auparavant. Pour autant, on constate aussi qu'il y a cette même inflation modérée dans tous les pays de la zone euro qui est d'1,7% en moyenne depuis le passage à la monnaie unique.
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