Témoignages "Nous ne sommes pas rassurés pour autant" : après quatre mois de débats musclés, le projet de mine de lithium dans l'Allier ne fait toujours pas consensus

La dernière réunion publique sur le projet d'exploitation d'une mine de lithium dans l'Allier s'est tenue jeudi. Riverains et habitants ont parfois changé de position, mais le projet suscite toujours de vives critiques.
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La société Imerys a pour projet d'exploiter une mine de lithium à Echassières, dans l'Allier. Elle pourrait équiper 700 000 voitures électriques en batteries. (CORMON FRANCIS / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

Faut-il ouvrir une mine en France, et si oui, dans quelles conditions ? Ce sont les questions au cœur du débat public sur le projet d’une mine de lithium à Echassières, dans l’Allier. Ce serait la première en France à extraire ce métal stratégique pour la transition énergétique, dès 2028. L’entreprise Imerys compte ainsi produire la quantité de lithium nécessaire à la fabrication des batteries de 700.000 voitures électriques chaque année. La dernière réunion publique de ce débat s’est tenue jeudi 18 juillet à Echassières. Après quatre mois d’échanges parfois musclés, certains riverains et habitants de l’Allier ont évolué dans leur position.  

Parmi les 3 600 participants recensés aux réunions, beaucoup sont en fait venus plusieurs fois, au fil des mois. Miguel, 52 ans, s’est ainsi forgé son avis : "J'étais ni pour, ni contre. Aujourd'hui, je suis contre l'exploitation qui va être faite. Ce qui m'a fait rentrer dans le sujet, c'est l'inquiétude par rapport à l'eau. Je pense qu'on va se mettre face à des gros soucis à l'avenir. On ne pourra pas s'en sortir parce que aujourd'hui, par exemple, j'ai pas besoin de lithium, j'ai besoin d'eau potable. Pour moi, le lithium, je peux m'en passer."

Avec l'entreprise, le courant passe mieux

Alors, quelle garantie pour les ressources en eau et quel risque de pollution pour les sols ? Patricia, aussi, s'est interrogée tout au long du débat. Opposée à la mine de lithium, cette membre de l’association Préservons la Forêt des Colettes n’a pas changé d’avis. Elle constate toutefois une avancée dans les relations avec l’entreprise qui porte le projet.

"Nous reprochions beaucoup à la société Imerys au début de ne pas nous informer, mais cette commission nationale du débat public, ça les a obligés à travailler la chose et à répondre sur les produits chimiques qui allaient être utilisés, sur les camions qui allaient circuler... "

Patricia, membre de l’association Préservons la Forêt des Colettes

à franceinfo

La communication avec Imerys ne s'est débloquée que récemment. "Tout ceci, c'est des choses qui sont arrivées peu à peu, qu'on n'avait pas au début. Maintenant, on en sait plus. Pour ça, effectivement, il y a eu une avancée, poursuit Patricia, opposée au projet. Maintenant, encore une fois, nous ne sommes pas rassurés pour autant."

Près de 600 emplois à la clé

Au contraire, les réponses de l'entreprise Imerys ont en partie rassuré le secrétaire départemental de la CGT. "On nous annonce la création de 600 emplois directs, salariés de la société Imerys. C'est un point fort, souligne Laurent Indrusiak, qui partait pourtant méfiant, lors de la première rencontre en mars. Il nous semble qu'il est peut être préférable que le lithium soit exploité ici dans l'Allier, peut être avec une législation française qui est plus exigeante qu'ailleurs dans le monde, et [l'entreprise] mérite de tenir ses engagements. Et on sera là pour les rappeler, si la mine de lithium voit le jour", prévient le représentant CGT.

Il est encore possible de donner son avis sur le projet, en ligne, sur le site internet de la commission nationale du débat public (CNDP), jusqu’au 31 juillet. La CNDP rendra son compte-rendu et ses recommandations à l'automne.

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