Shein : le géant chinois de l’ultra fast-fashion aux méthodes très critiquées
La plateforme de vente en ligne Shein est plébiscitée notamment par les adolescentes grâce à sa présence sur les réseaux sociaux. Le site propose des vêtements à des prix très bas mais ce géant chinois est blâmé pour la qualité de ces produits et accusé d'exploiter des travailleurs du textile.
En faisant son shopping sur Shein, Myriam n'a pas le sentiment d'acheter n'importe quoi. La jeune femme de 27 ans renouvelle sa garde-robe plusieurs fois par an, à chaque fois pour une centaine d'euros sur Shein. "Ça fait au moins cinq à dix vêtements avec par exemple deux jeans, des tee-shirts et des pulls, détaille-t-elle. J'achète aussi beaucoup de tenues pour mon travail." Avec Shein, on ne parle plus de "fast fashion", cette mode à bas coût qui renouvelle régulièrement ses collections, mais "d'ultra fast fashion". La plateforme de vente de vêtements promet plus de 500 nouveautés chaque jour à des prix renversants.
Mais derrière le site plébiscité par les ados, il y a un géant chinois très critiqué notamment pour la qualité de ces produits. "Clairement, je n'achète pas sur Shein pour la qualité parce que ce sont des vêtements qui s'abîment assez rapidement, poursuit la jeune femme. En tant que personne grosse, je le fais tout simplement parce que je n'ai pas le choix. Des grandes tailles sont généralement très chères. Ça rend abordable le fait de s'habiller au quotidien."
Des méthodes en Chine dénoncées
Le prix moyen d'un vêtement Shein est de 7,40 euros, soit deux fois moins que ses concurrents. Des centaines de nouveautés chaque jour sont proposées sur les réseaux sociaux. Les plus jeunes sont accros. "Aujourd'hui sur le marché, Shein est le lieu où les femmes achètent le plus de robes sur une année, explique Hélène Janicot, directrice du pôle mode chez Kantar. 2,2 millions de robes de la marque H&M ont été achetées en 2021 contre 3,8 millions de robes sur Shein."
Le site chinois fait déjà partie des cinq plus gros vendeurs de mode en France.
Une progression fulgurante, mais grâce à des méthodes en Chine dénoncées par les défenseurs des travailleurs du textile comme Nayla Ajaltouni, du collectif Éthique sur l'étiquette : "On a vraiment l'impression d'un retour au Moyen Âge de la mondialisation textile. On a finalement des travailleurs chez ses fournisseurs et sous-traitants qui sont payés à la pièce. On repère qu'il y a 11 à 13 heures de travail par jour, soit à peu près 75 heures par semaine, quasiment le double d'une semaine de travail d'un salarié normal. C’est réellement un recul considérable."
"Ces travailleurs ont seulement un jour de congé par mois, voire aucun congé, donc travaillent sept jours sur sept. Cela s'appelle de l'exploitation."
Nayla Ajaltouni, collectif Ethique sur l'étiquetteà franceinfo
Les multinationales ne sont pas responsables de leur chaîne d'approvisionnement. Une directive européenne soutenue par le parlementaire Raphaël Glucksmann pourrait peut-être en 2022 changer la donne.
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