Reportée à de nombreuses reprises, ou tombée dans les oubliettes, la réforme du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu a été évoquée depuis des décennies par les gouvernements successifs. Mardi 4 septembre, le gouvernement a enfin tranché : la mesure, qui concerne 38 millions de foyers fiscaux, entrera en vigueur le 1er janvier 2019, comme l'a assuré le Premier ministre, Edouard Philippe.Je vous confirme que, au 1er janvier de l'année 2019, l'impôt sur le revenu sera prélevé à la source.Edouard Philippeau JT de 20 heures de TF1C'est la fin de plus de 70 ans de tergiversations au sein des différents gouvernements. Abandonnée depuis 1948, la mesure est remise en avant en 1973 par Valéry Giscard d'Estaing, lors d'un débat face à Georges Marchais, le leader du Parti communiste.Tous les pays modernes ont la retenue à la source de l'impôt sur le revenu. Tous les pays modernes. Et à mon avis, ils ont raison.Valéry Giscard d'Estaing, alors ministre de l'Economie et des Financeslors d'un débat le 27 juin 1973Au début des années 90, l'idée ressort, quand l'harmonisation des fiscalités européennes est envisagée. En 2006, Thierry Breton, alors ministre de l'Economie, la relance. Son ministère prépare l'entrée en vigueur de la retenue à la source pour le 1er janvier 2009. La question reste de savoir ce que fera le gouvernement suivant. En 2007, Nicolas Sarkozy nomme comme ministre de l'Economie Christine Lagarde, qui ne ferme pas la porte à la réforme.Nous devons examiner si une retenue à la source est plus efficace, et plus avantageuse.Christine Lagarde, alors ministre de l'Economiesur France 2, le 16 août 2007Finalement, la crise financière et économique passe par là. L'idée est abandonnée. Il faut attendre 2015 pour que le projet soit véritablement lancé. François Hollande, élu en 2012, annonce que le prélèvement à la source sera effectif en 2018... Soit après la fin de son mandat, s'il n'est pas réélu.Emmanuel Macron, son ancien ministre de l'Economie, remporte la présidentielle et ne remet pas en cause la réforme. Sauf que le délai semble trop court. En 2017, la réforme est décalée d'un an. Nouvelle date d'entrée en vigueur : janvier 2019.La réforme semble définitivement lancéeLe ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, explique la réforme dans les médias pendant des mois. Mais le président commence à douter. L'enjeu politique de la réforme est important pour lui : sa popularité est au plus bas et les élections européennes de mai 2019 approchent. "J'ai besoin d'une série de réponses très précises", déclare Emmanuel Macron, fin août 2018. Le gouvernement et l'administration devaient se laisser jusqu'au 15 septembre pour y répondre et prendre leur décision. Finalement, mardi 4 septembre, le Premier ministre a mis fin au suspense.