Logement : la loi Duflot définitivement adoptée aprÚs le vote du Sénat
L'encadrement des loyers et l'introduction d'une garantie universelle pour les impayés figurent parmi les mesures phares du projet de loi définitivement adopté, jeudi.
CĂ©cile Duflot a voulu un projet de loi "profondĂ©ment de gauche", qui sâattaque aux "causes profondes de la crise du logement", selon les mots la ministre du Logement sur France Inter. AprĂšs plusieurs mois de navette parlementaire, le projet de loi pour lâAccĂšs au logement et Ă un urbanisme rĂ©novĂ© (Alur) a Ă©tĂ© dĂ©finitivement adoptĂ©, jeudi 20 fĂ©vrier aprĂšs le vote du SĂ©nat, au lendemain de celui de l'AssemblĂ©e nationale.
Moins ambitieux que sa mouture initiale, le texte issu des travaux de la commission mixte paritaire, disponible sur le site du SĂ©nat, apporte cependant plusieurs changements majeurs dans lâencadrement des acteurs du logement. Voici ce qu'il va changer pour vous, selon votre situation.
Pour les locataires
Lâencadrement des loyers. CâĂ©tait une promesse de campagne du candidat François Hollande. Cette mesure a pour but de rĂ©guler le secteur locatif, afin de limiter les abus dans les zones "tendues", c'est-Ă -dire lĂ oĂč la demande de logement excĂšde lâoffre disponible (Ile-de-France, CĂŽte d'Azur...). Chaque annĂ©e, les prĂ©fets fixeront un loyer mĂ©dian de rĂ©fĂ©rence. Le loyer fixĂ© lors de la signature du bail ne pourra excĂ©der de plus de 20% ce fameux loyer. Un seuil infĂ©rieur a aussi Ă©tĂ© fixĂ©, Ă 30% en dessous du loyer mĂ©dian. Si le locataire se retrouve dans une situation de "loyer abusif", il peut entamer un recours judiciaire.Â
La lutte contre l'habitat insalubre. Dorénavant, si le propriétaire d'un logement indécent n'engage pas de travaux malgré la sommation des pouvoirs publics, il devra reverser une astreinte de 1 000 euros par jour de retard.
Par ailleurs, les marchands de sommeil déjà condamnés pour habitats indignes seront interdits d'achats de biens immobiliers destinés à la location pendant cinq ans.
La limitation des frais dâagence. Les frais d'agence seront pris en charge par le propriĂ©taire, sauf lâĂ©tat des lieux, la rĂ©daction du bail, la visite du logement et la constitution du dossier du locataire, qui seront partagĂ©s avec le locataire.
Pour les propriétaires
La garantie universelle des loyers (GUL) est un autre point majeur du projet de loi. Cette proposition a pour principal objectif de protĂ©ger les propriĂ©taires en cas dâimpayĂ©s. GrĂące ce dispositif, ces derniers bĂ©nĂ©ficient d'une garantie de l'Etat, Ă hauteur du loyer mĂ©dian local et dans la limite de 18 mois. Cette mesure sera financĂ©e grĂące Ă des Ă©conomies sur des dĂ©penses actuelles de lâEtat, des organismes HLM et des collectivitĂ©s territoriales.
Cette mesure a suscitĂ© une fronde chez les professionnels de lâimmobilier et des assureurs, qui ont obtenu que la GUL demeure publique et gratuite, mais ne soit plus obligatoire. Les bailleurs pourront toujours prĂ©fĂ©rer avoir recours Ă une personne caution.
Pour les professionnels de lâimmobilier
Une formation continue obligatoire devra ĂȘtre suivie par les porteurs de la carte d'agent immobilier. S'ils ne le font pas, cette carte ne sera pas renouvelĂ©e.Â
Un "code déontologique professionnel". La loi crée un Conseil national de la transaction et de la gestion immobiliÚre, dont la mission est de veiller au maintien et à la promotion des principes de moralité. Sur la base de propositions de ce Conseil, un Code déontologique des professionnels de l'immobilier sera établi.
Pour les collectivités locales
Une Ă©tude sur l'Ă©tat de pollution des terrains. En cas de changement d'usage d'un terrain, et notamment de constructions sur d'anciennes zones industrielles, l'Etat rĂ©alisera des Ă©tudes de sols et des mesures de gestion de la pollution. Le but : faire en sorte que la santĂ© des habitants des futurs logements ne soit pas menacĂ©e.Â
Le transfert des compĂ©tences d'urbanisme aux intercommunalitĂ©s. Actuellement, ce sont les communes qui en sont chargĂ©es. Ce transfert des compĂ©tences en urbanisme est dĂ©cisif dans la loi Alur, car il est censĂ© relancer et alimenter le marchĂ© du logement dans des zones oĂč les besoins se font sentir. Selon l'AFP, sĂ©nateurs et dĂ©putĂ©s se sont entendus sur une minoritĂ© de blocage de "25% des communes, reprĂ©sentant au moins 20% de la population" lors de la prise de dĂ©cision.
Suppression des COS, les coefficients d'occupation des sols, et de la taille minimale des terrains constructibles, pour rĂ©pondre Ă la demande de logement. La ministre souhaite privilĂ©gier la densification des centres urbains Ă l'Ă©talement urbain.Â
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