De larges poutres en bois pour soutenir la cage d’escalier, des équerres pour les marches et des plaques vissées dans les murs et les plafonds pour masquer les trous.Linda Meyers occupe l’un des appartements de ce logement social depuis 19 ans et ne cache pas sa peur de voir un jour l’immeuble s’écrouler. "On a peur que l’escalier va céder. Si l’escalier tombe, une partie des murs et les appartements vont venir avec", s'inquiète la septuagénaire.Elle tient à nous faire visiter les sous-sols qui témoigneraient selon elle de la vétusté de l’immeuble. Derrière la porte de la cave, les marches de l’escalier sont moisies et le plâtre est tombé à de nombreux endroits.Depuis le moment où ils ont posé les poutres, j’ai remarqué, en descendant en remontant les escaliers, que ça bougeait.une habitante de l'immeubleà l'Œil du 20 heuresDepuis l’installation des poutres en bois par le bailleur social en mai dernier, une autre résidente, qui elle souhaite garder l’anonymat, dit sentir l’immeuble trembler parfois.En 2008 déjà, des étais avaient été placés aux fenêtres pour soutenir les murs qui continueraient malgré tout de bouger selon cette habitante : "on a remarqué que les fenêtres ne se fermaient pas. Donc j’ai contacté le bailleur et un technicien m’a dit qu’il y a un problème de mur, apparemment le mur se décale" explique-t-elle.Des problèmes que les habitants disent signaler depuis quinze ans à leur bailleur social.Adoma, propriétaire des lieux jusqu’en 2020, affirme avoir pris en compte les demandes des habitants : "cet immeuble a été régulièrement entretenu avant la cession. Entre 2016 et 2020, nous avons effectué d’importants travaux pour un montant de plus de 400 000 euros".Aujourd’hui, la quinzaine d’occupants demande à être relogée en urgence.Ils s’appuient notamment sur une expertisemenée en décembre dernier par une architecte de la préfecture de Paris qui concluait que "le mauvais état général de l’immeuble constitue un risque pour les habitants".Risque mais pas péril imminentDe son côté, la régie immobillière de la ville de Paris (RIVP), l’actuel bailleur social, relativise le risque pointé par l’architecte de la préfecture. Les habitants seront bien relogés mais il n’y a pas d’urgence selon sa responsable :"Cet avis extérieur ne préconise pas de mesure immédiate complémentaire de mise en sécurité du bâtiment. À très court terme, les mesures conservatoires qui ont consisté notamment à poser ces étais suffisent à ce qu’il n’y ait pas de danger" temporise Christine Laconde, directrice générale de la RIVP.De plus en plus de locataires assignent leur bailleur social parce qu’il ne leur répond pas. Il faut un an, un an et demi pour que les travaux à faire soient pris en compte.Catherine Bidois, présidente du CLCVà l'Œil du 20 heuresUne réponse qui ne satisfait pas l'association de locataires CLCV. Sa présidente dénonce la lenteur des bailleurs sociaux. Et selon elle, le sort de cet immeuble parisien ne serait pas un cas isolé.La RIVP indique par ailleurs que le bâtiment ne devrait pas être détruit mais qu’il sera entièrement rénové sans préciser la date ni la durée des travaux.Parmi nos sources (liste non-exhaustive) :Le rapport de l’architecte sécurité de la PréfectureLe code de la construction et de l'habitation