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Sans-abri : le Dal appelle Emmanuel Macron à "ouvrir les hôpitaux"

Jean-Baptiste Eyraud, président de l'association Droit au logement, a expliqué, dimanche sur franceinfo, les motivations du rassemblement qui a lieu devant l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jean-Baptiste Eyraud, président de l'association Droit au logement, le 31 juillet 2017. (JOEL SAGET / AFP)

"Il suffirait que le président de la République dise : "Ouvrez ces hôpitaux" pour obtenir "plusieurs dizaines de milliers de places" supplémentaires. Le président de l'association Droit au logement (Dal) Jean-Baptiste Eyraud a dénoncé, dimanche 4 février sur franceinfo, les logements vacants dans les hôpitaux. Il est à l'origine du rassemblement qui a lieu, dimanche après-midi devant l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris. Mercredi, une centaine de personnes mal-logées ont investi une partie vide de l'Hôtel-Dieu, dans le 4ème arrondissement de Paris. Elles sont restées environ deux heures avant de se faire expulser par la police.

franceinfo : Après avoir participé au rassemblement devant l'Hôtel-Dieu, mercredi, pour dénoncer les logements vacants, vous serez, dimanche après-midi, devant l'hôpital militaire du Val-de-Grâce où là aussi il y a des locaux vides. Donc Hôtel-Dieu, Val-de-Grâce, même combat pour vous ?

Jean-Baptiste Eyraud : Là, c'est une autre administration puisque l'Hôtel-Dieu c'est l'AP-HP donc l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. On est dans des administrations civiles, tandis que le Val-de-Grâce, c'est l'armée. Dans les deux cas de figure, il suffirait que le président de la République dise : "Ouvrez ces hôpitaux". Surtout le Val-de-Grâce, puisqu'il est le chef des Armées. On le prend un peu au mot dans cette affaire parce que le 31 décembre il a dit : "Je veux que nous puissions offrir un toit à toutes celles et ceux qui n'en ont pas". Maintenant il faut le faire.

Combien de personnes pourraient vivre dans cette aile vide de l'Hôtel-Dieu selon vous ?

Si on additionne toutes les ailes qui sont vacantes actuellement à l'Hôtel-Dieu, d'après les salariés qui y travaillent, on pourrait y loger à peu près 300 personnes. Et quand on met bout à bout avec les autres hôpitaux qui sont vacants ou partiellement vacants sur Paris et la région parisienne, c'est clair qu'on arrive à plusieurs milliers voire plusieurs dizaines de milliers de places si on prend l'ensemble des hôpitaux en France. Ils seraient tout à fait appropriés pour accueillir des sans-abris.

Pensez-vous qu'aujourd'hui les pouvoirs publics doivent montrer l'exemple en la matière ?

Oui bien sûr. Quand on entend les propos de monsieur Denormandie, secrétaire d'État au logement qui a dit la semaine dernière que : "La nuit dernière il n'y a que 50 personnes qui ont dormi dans les rues en Île-de-France." Les bras nous en tombent, c'est scandaleux. C'est indigne d'une personne qui a des responsabilités sur les questions du logement et des sans-abri. Quand on se promène dans nos rues, dans nos villes, aujourd'hui, on voit de plus en plus de sans-abris, des familles qui dorment dans le service des urgences des hôpitaux, dans des voitures ou à même le trottoir. Il y a donc vraiment un très gros problème. On ne peut pas laisser passer ce genre de propos. C'est une des raisons aussi pour laquelle on a décidé de faire cette marche pour rappeler les responsabilités et les engagements pris par le gouvernement dans ce domaine-là.

Certains services publics, comme c'est le cas de la SNCF qui ouvre un immeuble à Paris à des sans-abris jusqu'à ce que l'édifice soit démoli. Est-ce cela dont vous parlez ?

À la suite d'une marche qu'on a faite, il y a une quinzaine de jours, on a été voir la SNCF pour leur dire : "Vous avez un immeuble de 50 logements qui est entièrement vide en plein Paris, ouvrez-le." Ils ont accepté de l'ouvrir. Voilà un geste positif. L'administration, l'État, le gouvernement, les entreprises publiques et les grands propriétaires devraient suivre l'exemple. Il y a moyen de loger toutes les personnes qui sont dans la rue ou qui vivent dans des situations d'extrême précarité. Au fond, ça dépend de l'État parce que c'est lui qui va financer l'encadrement en quelque sorte, dans le cadre de ses responsabilités en matière d'obligation d'accueil inconditionnel de toute personne qui est sans-abris.

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