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Plan pour le logement : le gouvernement "n'a pas compris la gravité de la situation", réagit Emmanuel Cosse, de l’Union sociale pour l’habitat

Emmanuelle Cosse dit sur franceinfo lundi sa "très grande déception" face à des "mesures vagues ou inexistantes". La représentante de l’Union sociale pour l’habitat ne voit pas "de mesures qui pourraient permettre d'avoir un choc et d'enrayer cette crise extrêmement difficile".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, porte-parole du Mouvement HLM, invitée jeudi 15 septembre sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le gouvernement "n'a pas encore compris la gravité de la situation", a réagi lundi 5 juin sur franceinfo Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, association représentative du secteur HLM, et ancienne ministre du Logement, alors que gouvernement a détaillé son plan pour désamorcer le "risque de bombe sociale" que constitue la crise du logement. Ce plan est tiré des discussions du Conseil national de la refondation (CNR), dont la Première ministre Elisabeth Borne a conclu le volet logement ce lundi soir.

franceinfo : Comment accueillez-vous les annonces de la Première ministre sur le logement ?

Emmanuelle Cosse : C'est une très grande déception puisque nous avons travaillé durant six mois à faire de nombreuses propositions pour développer la production de logements sociaux et débloquer vraiment l'accès à un logement abordable. Et ce soir, on a eu l'annonce de mesures au mieux vagues et souvent inexistantes. C'est une incompréhension, au-delà de la déception. On a eu un discours très engagé de la part de la Première ministre qui nous dit vouloir s'attaquer au problème du logement, répondre au besoin du logement abordable à l'ensemble des Français. Et à côté de ça, on n'a vraiment pas la matière de mesures qui pourraient permettre d'avoir un choc de mesures et d'enrayer cette crise extrêmement difficile.

Selon vous, derrière les intentions du gouvernement, il n'y a rien de satisfaisant ?

On ne voit pas de changement par rapport à ce qui se passe depuis six ans sur le logement, et notamment sur le logement social. Il n'y a pas d'aides pour produire plus de logements sociaux, pas d'accès à un foncier qui nous permettrait d'aller plus vite. Et par ailleurs, il y a cette idée, qui continue à exister au sein du gouvernement, que la politique du logement n'aurait pas besoin d'aides publiques pour fonctionner. Mais c'est justement cette réduction d'aides publiques depuis six ans qui fait que l'on est dans cette situation qui est très mauvaise et qui, je crains, va continuer de s'aggraver.

Qu'attendez-vous maintenant de la part de l'exécutif ?

L'ensemble des acteurs du logement ont été unanimes dans leur déception. Nous espérons quand même que cela va créer un électrochoc au sein du gouvernement. La Première ministre a dit très clairement qu'elle voulait revoir l'ensemble des acteurs HLM pour avancer ensemble. Donc j'espère que ce n'est qu'un début. Mais on n'est pas du tout au niveau des besoins des Français. J'imagine toutes les personnes qui demandent un logement social aujourd'hui : elles se disent, mais qu'est-ce qu'ils font ?

Est-ce qu'il y a un effort que vous attendiez et qui n'apparaît pas dans les mesures annoncées ?

J'attendais qu'on dise qu'on mettait le paquet pour produire et accélérer très vite la production de logements sociaux. Et aujourd'hui, ce n'est pas ce que ce qui a été dit. Il y a 2 400 000 personnes qui demandent un logement social. Ce chiffre n'a jamais été aussi haut. Il a augmenté de 7% en un an. C'est-à-dire que d'année en année, il y a de moins en moins de logements disponibles et de plus en plus de salariés qui disent qu'ils n'arrivent pas à se loger. Dans cette période où l'on nous parle de plein emploi, d'accès à l'emploi pour tout le monde, il n'y a pas de logements disponibles. L'Etat peut aussi faire des mesures électrochoc. Par le passé, il y en a eu et elles fonctionnaient. Aujourd'hui, je pense qu'ils n'ont pas encore compris la gravité de la situation et ce que cela peut générer demain comme tension sociale.

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