Paris : une propriétaire condamnée à restituer des années de loyer à son locataire pour logement indigne
Alors qu'elle attaquait son locataire pour recevoir des impayés et obtenir son expulsion, une propriétaire d'un "local mansardé" du 11e arrondissement de Paris a été condamnée à lui verser plus de 20 000 euros.
Une propriétaire parisienne a été condamnée à restituer à son locataire des années de loyer pour un logement illégal de 5m2 et à lui verser 2 000 euros de préjudice moral, alors qu'elle l'attaquait pour impayés et obtenir son expulsion. La propriétaire devra verser à son locataire, âgée de 66 ans et toujours occupant du logement, la somme de 19 463 euros correspondant à quatre années de loyers "indûment payés", a décidé le tribunal judiciaire de Paris dans un jugement rendu le 15 septembre consulté par l'AFP vendredi 30 septembre.
La propriétaire devra également payer à son locataire, qui bénéficie d'une pension d'invalidité, 2 000 euros pour préjudice moral en raison des "constatations relatées dans l'arrêté préfectoral faisant état de risques pour la santé", a estimé le juge. Ce "local mansardé" situé dans le 11e arrondissement possède une surface au sol de 9 m2, mais seulement 5 m2 avec une hauteur sous plafond supérieur à 1,80 m, détaille un arrêté préfectoral du 18 janvier après une enquête des services de la Ville de Paris. Le minimum légal est de 9 m2, avec une hauteur minimale de 2,2 m.
Des "éléments d'insalubrité"
"Outre l'exiguïté des lieux rendant le local impropre à l'habitation, l'arrêté préfectoral relève également les éléments d'insalubrité suivants : absence de système de ventilation permanent, absence de moyen de chauffage, refoulement des eaux usées dans la douche lors de l'utilisation du lavabo, sol dégradé", souligne le tribunal.
Fin 2021, une fois le bail résilié, la propriétaire avait assigné le sexagénaire en justice pour obtenir son expulsion du bien qu'elle voulait vendre, ainsi que 4 800 euros de loyers impayés. Mais le locataire s'est tourné vers la Fondation Abbé-Pierre, qui a envoyé aux services de la mairie le signalement qui a abouti à l'arrêté préfectoral. "C'est une victoire", s'est réjouie Samia Ayed, chargée de mission habitat indigne à la Fondation. Mais elle n'est "pas totale car le monsieur vit encore dans le logement, rien n'oblige la bailleresse à le reloger". "Aucune proposition ne lui a été faite à ce jour", a ajouté la juriste.
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