Marseille : "Il faut des textes législatifs qui nous permettent d'acquérir les logements insalubres plus vite", réclame le maire
Invité de franceinfo mercredi, Jean-Claude Gaudin assure vouloir accélérer les procédures afin qu'un drame comme celui de la rue d'Aubagne ne se reproduise plus.
En novembre 2018, l'effondrement de trois immeubles à Marseille, rue d'Aubagne, a fait huit morts. L'insalubrité des logements est pointée du doigt. Depuis le drame, le maire Les Républicains (LR) de la ville, Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille depuis 1995, est la cible de nombreuses critiques. Deux mois après le drame, l'enquête menée par la brigade criminelle de la police judiciaire cherche encore à établir d'éventuelles responsabilités. Mercredi 9 janvier, Jean-Claude Gaudin répond à franceinfo et demande l'aide de l'État pour "acquérir ces logements insalubres plus vite".
franceinfo : Que répondez-vous à vos détracteurs ?
Jean-Claude Gaudin : Je suis conscient que les effondrements tragiques de la rue d'Aubagne ont provoqué la colère et même la peur des Marseillais. Je les ai entendus et je les comprends. Ces événements peuvent arriver aussi dans d'autres villes qu'à Marseille. Cela ne nous était jamais arrivé, mais il est clair que dans cette partie de la ville les immeubles sont anciens et adossés les uns aux autres, c'est la raison pour laquelle trois immeubles se sont effondrés. Depuis, nous nous sommes beaucoup remués, beaucoup bougés pour venir en aide aux personnes sinistrées et à ce jour 59 immeubles ont été réintégrés. Nous avons signé 55 baux ou conventions d'occupation temporaire ou définitive avec des habitants. Aujourd'hui, 600 personnes peuvent retourner dans ces immeubles où les experts ont constaté la solidité et où nous avons fait en sorte que le chauffage soit remis, que l'eau arrive bien, qu'il n'y ait pas de difficulté.
Est-ce que tout a été fait du côté de la mairie pour éviter ce drame ?
C'est la justice qui mène l'enquête et le dira. Nous, nous avions acquis un immeuble, le 63, où il nous avait fallu dix ans pour évacuer, pour faire partir les locataires qui étaient là et qui abusaient des lois pour nous empêcher d'acheter cet immeuble. L'immeuble, une fois que nous avons pu l'avoir, nous l'avons muré et nous pensons qu'il n'y a pas eu de mort sous cet immeuble. Le 65, c'est une copropriété privée. La justice dira d'où est partie l'effondrement. Le 67, le propriétaire lui-même avait engagé une action contre le 65 et nous nous y étions associés. Voilà l'historique. Maintenant, à la justice de déterminer s'il y a des responsabilités. Nous nous sommes occupés de reloger les gens dans 32 hôtels de la ville, d'ouvrir la maison des associations sur la Canebière, un restaurant éphémère qui à ce jour a servi 14 000 repas aux gens qui étaient dans la difficulté. Nous voulons accélérer avec la préfecture pour réintégrer dans les immeubles le maximum de gens qui habitaient là. Nous offrons des logements avec des bailleurs sociaux.
1 900 personnes ont été évacuées, plus de 200 immeubles. Avez-vous été surpris par l'ampleur du mal-logement dans votre ville ?
Du mal-logement sans doute, mais nous avons fait avec le préfet un périmètre très large de manière à vérifier que les immeubles étaient bien solides. Sur l'ensemble de la politique dite de l'habitat indigne, nous avons fait des choses considérables. Nous avons déjà consacré depuis 2005 au moins 200 millions d'euros pour la rénovation de l'habitat. Sur 14 chantiers de l'Anru [Agence nationale pour la rénovation urbaine], 13 sont dans le secteur nord, cela représente plus de 100 millions d'engagements d'euros de la part de Marseille pour le logement. Nous n'avions pas attendu pour nous substituer quelques fois à des copropriétés privées.
Que comptez-vous faire à l'avenir pour éviter ce genre de catastrophe ?
Nous avons pour l'avenir décidé d'aller plus vite. Il faut des textes législatifs qui nous permettent d'acquérir ces logements insalubres le plus vite possible, nous l'avons dit à M. Denormandie [ministre du Logement]. Pour l'avenir, nous voulons augmenter nos équipes, plus nombreuses entre la ville et la Métropole, pour aller vérifier et traiter avec les propriétaires parce que ces immeubles n'appartiennent généralement pas à la ville.
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