"Les locataires ne couchent pas dehors, il y a un toit" : le témoignage d'un marchand de sommeil parisien qui estime faire du "social"
Après l'action choc de la Fondation Abbé Pierre, qui a fait visiter jeudi 11 logements indignes dans un immeuble du 14e arrondissement de Paris, France Bleu Paris a contacté le propriétaire de ces logements.
Jeudi 27 septembre, la Fondation Abbé Pierre a fait visiter 11 logements indignes dans un immeuble du 14e arrondissement de Paris. Des locations vétustes de 1 à 6 mètres carrés habitables dont les loyers se situent entre 250 et 480 euros par mois, et dont France Bleu Paris a pu contacter le propriétaire.
"Je ne suis pas l'Abbé Pierre"
Raymond B., 85 ans, vit en Vendée et possède la totalité de l'immeuble en question. Il estime faire du "social" et réfute le titre de marchand de sommeil : "Vendeur de sommeil, on est bien baptisés ! (...) On nous enquiquine pour louer à 450 euros. [Les locataires] ne couchent pas dehors, il y a un toit. Je ne suis pas l'Abbé Pierre puisqu'il paraît qu'il est mort. Quelque part, moi c'était, appelons ça, du social."
Ce que le propriétaire entend par faire du "social", c'est d'avoir fait le choix de diviser la surface dont il dispose en plusieurs petits appartements accessibles "pour les étudiants" et "pour les pauvres" : "[Si ce choix ne convient pas], on va supprimer tout le quatrième étage, et au lieu que cela soit divisé en dix ou douze, [on va] le diviser en trois ou quatre. Ça fera des superbes appartements mais qui ne seront pas réservés pour les étudiants ni pour les pauvres".
"J'irai en prison, je n'y ai pas encore été"
Le propriétaire se justifie : "Je me suis beaucoup privé de vacances, de loisirs et de tout, j'ai bien eu tort de me crever pour avoir quelque chose, je [ne] vais quand même pas me flinguer !" Face aux risques de sanctions, Raymond B. ne semble pas inquiet : "Je suis responsable. J'irai en prison, je n'y ai pas encore été. À 85 ans, ce sera une bonne occasion d'y aller."
Après la découverte de ces logements, le parquet a été saisi et une enquête est en cours. Trois arrêtés d'interdiction d'occupation ont aussi été publiés par le préfet et trois sont en cours d'examen.
Malgré son obligation légale, le bailleur mis en cause n'a relogé, à ce jour, aucune victime et il continue de tenter d'encaisser les loyers illicites. La Fondation réclame au gouvernement davantage de moyens pour repérer ces situations et accompagner les victimes dans la durée.
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