: Vidéo Des bergers se disent logés dans des "niches à chien" et dénoncent leurs conditions de vie
Tomas Bustaret a en charge 1200 brebis à Aussois, en Savoie, au cœur du parc national de la Vanoise. Pendant l’estive, trois semaines durant il conduira son troupeau en haute montagne et dormira dans un abri où il nous conduit. Pour y accéder, une heure et demie de marche et sur place, une sorte de tente en bois.
Pour moi, c'est vraiment le pire que j'ai connu.
Tomas Bustaret, berger à Aussoisà l'Œil du 20h
Pas de fenêtres, ni de sanitaires. À l’intérieur, un matelas et de la nourriture pour les chiens du troupeau.
"Mon réchaud ici, je sais même pas où ce que je vais me mettre pour manger pour pas manger dans mon lit. Je sais pas ce que je vais faire. Et s’il pleut ou s’il y a du brouillard, je ne sais même pas où je vais faire sécher mes affaires, enfin c’est… pour moi ça va pas."
11 abris de ce type sont répartis dans le parc national de la Vanoise. Il y a une dizaine d’années, le parc les avait installés pour que les bergers soient proches de leur troupeau face au retour du loup.
Une solution temporaire qui a trop duré selon les bergers. Aujourd’hui ils mettent la pression sur les éleveurs qui les emploient, c’est à eux de les loger correctement.
Guy Lathoud est éleveur et emploie deux bergers. Selon lui il n’est pas nécessaire d’investir dans ces abris occupés qu’une partie de l’été.
"C’est un problème oui, faut faire avec hein, ils ne restent pas tout le temps là-bas. Et puis faut aller construire une cabane là, c’est pas possible."
Il rappelle aussi que la majeure partie de la saison, les bergers sont logés ici, dans cet autre chalet, suffisamment équipé dit-il.
"Ah beh c’est le confort oui, y’a l’eau chaude, le courant, tout à l’égout, on ne peut pas avoir mieux".
Pourtant le parc de la Vanoise vient de rappeler aux éleveurs qu’ils doivent loger leurs bergers pendant l’estive dans de bonnes conditions et incite à "investir dans des solutions pérennes et aux normes d’hébergement de salariés."
Xavier Eudes, le directeur du parc de la Vanoise reconnaît que construire dans la montagne est compliqué et le coût à répartir entre les communes et les groupements pastoraux est onéreux.
"Les fenêtres de tir pour effectuer les travaux sont particulièrement limitées dès que vous êtes à des altitudes importantes. S’ajoute la question des coûts, puisque pour certaines de ces solutions on peut arriver à des projets de l’ordre de 300.000 euros."
En attendant, le parc propose cette solution d’hébergement moins coûteuse. Deux logements de ce type ont déjà été installés. L’abri de notre berger à Aussois pourrait lui être remplacé d’ici 2025.
Parmi nos sources :
Extrait du Code rural et de la pêche maritime
Parc National de la Vanoise - Tatou
Parc National de la Vanoise - Commission d’attribution des abris d’urgence "Saison d’estive 2023"
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