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Pourquoi les diplomates du ministère des Affaires étrangères sont-ils appelés à faire grève pour la première fois depuis vingt ans ?

Inquiets pour leur avenir, les personnels du Quai d'Orsay sont appelés à faire grève ce jeudi pour la deuxième fois de l'histoire du ministère. Des rassemblements sont prévus à travers la France, et notamment à Paris. 

Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le ministère des Affaires étrangères, à Paris, le 27 février 2017.  (FREDERIC SOREAU / PHOTONONSTOP / AFP)

C'est un mouvement rarissime où seuls les syndicalistes parlent en leur nom, où les tribunes sont anonymes et où des figures du Quai s'expriment, mais seulement sur Twitter. Les 13 500 agents du Quai d'Orsay, le ministère des Affaires étrangères, sont appelés à la grève ce jeudi 2 juin. 

>> Réforme du corps diplomatique : "C'est absurde et participe de l'affaiblissement de la diplomatie française", selon un ancien ambassadeur

Pour parler publiquement aux médias, il faut être une ancienne diplomate comme Nathalie Loiseau, par ailleurs ex-ministre et eurodéputée macroniste. "De la même manière que vous ne demanderiez pas à votre plombier de réparer votre toiture, un diplomate ne ferait pas forcément un formidable sous-directeur au ministère de l'Agriculture. Et inversement. La diplomatie est un corps de métier qu'il faut renforcer et ne pas affaiblir", plaide-t-elle.

À l'origine de ce mouvement, le deuxième de l'histoire du ministère, la suppression du corps diplomatique, décidée dans le cadre de la réforme de la haute fonction publique voulue par le Emmanuel Macron. Avec cette réforme, un diplomate n'est plus assuré de faire toute sa carrière au Quai d'Orsay : beaucoup y voient la fin de la diplomatie professionnelle. Ce qui, ajouté à une réduction de moyens continue depuis 30 ans, met en ébullition le monde éminemment discret de la diplomatie française. 

"Cette réforme vient percuter cette relation de confiance"

"Nous ne sommes pas interchangeables", clament les diplomates, qui pointent la destructuration des carrières, la crise des vocations et le déclin de l'influence de la France, troisième réseau international après les Etats-Unis et la Chine. Un "non-sens", alors que la guerre est de retour en Europe. Le lien de confiance est brisé, affirme le diplomate et permanent CFTC Olivier Da Silva. "Jusqu'à présent, le pouvoir était habitué à ce qu'on obéisse sans barguigner. Il y a une espèce de contrat moral en quelque sorte : on est le prolongement du pouvoir exécutif et la réforme vient percuter cette relation de confiance", dénonce-t-il.

Les grévistes réclament une évaluation des réformes successives, et des assises de la diplomatie. Il s'agit déjà d'un gros dossier sur le bureau de Catherine Colonna, diplomate de carrière tout juste arrivée à la tête du ministère. 

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