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"Ils emploient les moyens forts, on emploie les moyens forts" : en grève, des salariées de Vertbaudet manifestent à Paris

Des salariées de la marque pour enfants tiennent un piquet de grève depuis fin mars, pour réclamer des hausses de salaires.
Article rédigé par franceinfo - Willy Moreau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une centaine de personnes se sont rassemblées à Paris mardi 23 mai, devant le siège d'Equistone, actionnaire majoritaire de l'entreprise textile Vertbaudet. (WILLY MOREAU / RADIO FRANCE)

Elles prennent la pose, mardi 23 mai, à deux pas du Trocadéo, accroupies devant le siège d'Equistone, le propriétaire de l'enseigne de vêtements pour enfants et femmes enceintes Verbaudet. Autour de ces salariées, une centaine de personnes sont venues les soutenir. On retrouve dans cette assemblée des personnalités politiques de gauche, des militantes féministes et des syndicalistes, principalement de la CGT.

>> Vertbaudet : piquet de grève évacué, syndicaliste "frappé", appel au boycott… On vous résume le conflit social qui dégénère dans l'entreprise


Parmi la vingtaine de salariées qui sont montées manifester à Paris, Maria, 1 300 euros par mois après 21 ans d'ancienneté, sourit pour la photo. Mais ses yeux, un peu mouillés, trahissent l'importance d'être ici, loin des grilles de son entrepôt nordiste. "Il y a tout ce monde ici pour nous soutenir. Donc ça fait chaud au cœur, confie-t-elle. 

"On tiendra jusqu'au bout."

Maria, salariée de Verbaudet

à franceinfo

Elles sont environ 80 à faire grève depuis 65 jours, pour obtenir 150 euros net en plus par mois. "Je pense qu'on le mérite bien avec le travail qu'on effectue", estime Maria. Elle est emballeuse-préleveuse. "On prépare les colis, donc on a une production à faire, bien sûr. On est sept heures debout chaque jour, et ceux qui font le prélèvement font au moins 23 kilomètres par jour", explique-t-elle.

Un accord proposé par la direction a déjà été signé par deux syndicats : FO et la CFTC mais il contient des primes ponctuelles, non prises en compte pour la retraite, ce qui est inacceptable aux yeux des grévistes.

Soutenues par Sophie Binet et Jean-Luc Mélenchon


"Je demande le boycott de Verbaudet, fait savoir Anaïs, l'une des salariées présente. Si ça peut permettre au PDG et aux actionnaires de se  réveiller... Moi-même j'ai défendu à ma sœur, qui va être bientôt maman, d'aller acheter chez Vertbaudet. Pourtant, on a une belle remise du personnel sur le panier. Mais j'ai dit à ma sœur non, désolée, on ne va pas chez Vertbaudet. Ils emploient les moyens forts, on emploie les moyens forts, assume-t-elle.

Cet appel au boycott est soutenu notamment par Jean-Luc Mélenchon, qui a rendu visite aux grévistes devant leur entrepôt lundi 22 mai à Marquette-lez-Lille dans le Nord, et par Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, présente à Paris.

Elle prend le micro pour s'adresser aux grévistes : "Votre lutte est symbolique de ce qui se passe quand le mépris de classe se cumule au sexisme. Ce que se permet la direction au quotidien, avec vous, depuis le début du conflit, elle se le permet parce que vous êtes ouvrières et parce que vous êtes des femmes. Et la direction pense que quand on a des femmes en face de soi, on peut s'essuyer les pieds dessus comme on se sert d'un paillasson."

Après une tribune dans la presse et une pétition en ligne, la CGT brandit désormais la menace d'une action nationale si aucun accord n'est trouvé d'ici vendredi 26 mai au soir.

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