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Quatre questions sur la grève qui perturbe l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle et les premiers départs en vacances

La grève entamée jeudi par les pompiers de l'aéroport pour obtenir une revalorisation salariale et une amélioration de leurs conditions de travail se poursuit pendant le week-end. Elle entraîne la suppression de nombreux vols.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Des pompiers en grève devant le terminal 2E de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 1er juillet 2022. (MAXPPP)

Nouvelle journée de perturbations à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. La grève entamée jeudi par les pompiers se poursuit samedi 2 juillet et devrait s'étaler sur le week-end. Les soldats du feu ont été rejoints par d'autres salariés du groupe ADP, le gestionnaire des aéroports de Paris, et de ses sous-traitants. Ce mouvement perturbe le trafic et des centaines de vols ont déjà été annulés. Franceinfo revient sur cette grève qui inquiète le gouvernement, alors que se profile la première vague de grands départs en vacances d'été dans une semaine.

1Qui fait grève et pour quels motifs?

A Roissy-Charles-de-Gaulle, premier aéroport français, les pompiers sont en grève depuis jeudi. Ils réclament une hausse de leurs salaires. Les premières négociations ont eu lieu vendredi entre les soldats du feu et la direction du groupe ADP, mais elles n'ont pas abouti. Les pompiers sont "insatisfaits des propositions de la direction" sur leur grille de salaires, a déclaré vendredi soir à l'AFP Daniel Bertone, secrétaire général de la CGT du Groupe ADP.

Selon le syndicaliste, les salariés réclament 6% de revalorisation avec effet rétroactif au 1er janvier, pour compenser l'inflation. La direction a proposé 4% au 1er juillet, a-t-il dit. Selon lui, cette hausse ne rattrapait pas les 5% de baisse acceptés par les salariés dans le cadre du plan de réduction des coûts décidé par ADP face à la crise du Covid-19 en 2020-2021. La direction n'a pas confirmé ces chiffres. Tout juste a-t-elle précisé que "les négociations n'ont pas abouti, mais le dialogue social demeure ouvert".

Les soldats du feu ont été rejoints dans leur mouvement dès vendredi par d'autres salariés d'ADP et de sous-traitants dans le cadre d'un mouvement intersyndical et interprofessionnel qui portent également sur la rémunération et les conditions de travail. Leur préavis court jusqu'au dimanche 3 juillet. "Depuis la crise du Covid, il y a pas mal de collègues qui ont été licenciés. On se retrouve à faire le travail de trois personnes", a témoigné Anissa Belabbas, régulatrice, salariée du groupe 3S Alyzia et représentante CGT. "Il nous faut des gens qui connaissent le métier. Sinon on vous demande des cadences plus importantes", estime-t-elle.

2Quelles sont les perturbations ?

La grève des pompiers à Roissy a déjà contraint les compagnies à annuler un vol sur six jeudi et vendredi entre 7 heures et 14 heures, soit 17% des vols au départ ou à l'arrivée de Paris-Charles-de-Gaulle sur ces horaires, selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). Les vols annulés vendredi ont représenté 100 mouvements d'appareils sur les 1 300 prévus dans la journée. Samedi, cette proportion est montée à un vol sur cinq, selon la DGAC. Le trafic à Orly, qui était également concerné par l'appel à la grève, n'a en revanche pas été affecté.

Comme les deux jours précédents, Air France a annoncé l'annulation d'environ 10% de ses vols court et moyen-courriers samedi. Ces annulations préventives ont été réclamées par l'administration par mesure de sécurité. Les long-courriers, en revanche, ne seront pas touchés. Afin de gérer au mieux ce mouvement social et l'afflux des voyageurs, le groupe ADP a réitéré son appel aux passagers. Il les invite à arriver en avance, à savoir "trois heures [avant le décollage prévu] pour un vol international, deux heures pour un vol domestique ou européen".

Ce mouvement social perturbe par ailleurs les accès routiers à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Dès vendredi, Paris Aéroport annonçait sur Twitter une manifestation d'agents grévistes devant les terminaux A et C et conseillait aux voyageurs de venir ou de quitter Charles-de-Gaulle avec le RER C ou la navette CDGVal.

3Quelles sont les modalités de remboursement ?

"Si un de vos vols est annulé par la compagnie pour cause de grève du personnel, vous avez droit au remboursement du billet d'avion annulé ou à un réacheminement vers la destination de ce vol annulé dans des conditions de transport comparables", assure à Ouest France le Centre européen des consommateurs (CEC) France. De plus, chaque voyageur a droit à une compensation, ajoute le CEC. "Cette indemnité vous est due même si la compagnie vous a remboursé votre billet. C'est une indemnité supplémentaire", précise le site service-public.

Le montant de l'indemnité s'élève à 250 euros pour un vol de 1 500 kilomètres ou moins, 400 euros pour les vols de plus de 1 500 kilomètres dans l'UE, 400 euros pour les vols entre 1 500 et 3 500 kilomètres hors UE et 600 euros pour un vol de plus de 3 500 kilomètres hors UE. Cette indemnisation peut être réduite de moitié si votre compagnie aérienne vous propose un autre vol. "L'heure d'arrivée ne doit alors pas dépasser l'heure d'arrivée prévue du vol initialement réservé", affirme le site service-public. En cas de litige avec la compagnie, qui ne répond pas ou refuse de dédommager, vous pouvez faire une réclamation auprès de la DGAC, prévient le site service-public.

Dans le cas où la compagnie vous propose un vol de remplacement, la compagnie doit prendre en charge gratuitement en attendant le prochain vol "les rafraîchissements, la restauration, deux communications (appels téléphoniques, SMS, mails) et les frais d'hôtel et de transfert entre l'hôtel et l'aéroport si le départ ne peut avoir lieu avant le lendemain", énumère le site service-public.

Toutefois, "l'indemnisation peut être refusée en cas de grève de personnels hors de la compagnie (contrôleurs aériens, par exemple)", ajoute le site. Attention donc, car les pompiers en grève depuis jeudi ne font pas partie du personnel d'une compagnie.

4La grève peut-elle durer cet été ?

Cette grève n'est peut-être pas la dernière de l'été. Daniel Bertone, le secrétaire général de la CGT du groupe ADP, avance que de nouveaux préavis ont été déposés pour le week-end suivant, celui de la première vague des grands départs. Une éventualité qui ne plaît pas au gouvernement. L'exécutif va "continuer à échanger avec les syndicats pour trouver une sortie de crise", a assuré vendredi Olivia Grégoire, la porte-parole du gouvernement. "L'idée que nos compatriotes ne puissent pas partir en vacances n'est pas viable", a-t-elle ajouté. Jeudi, des associations de voyagistes estimaient que les perturbations dans les aéroports ces dernières semaines faisaient "craindre le pire pour les vacances et les voyages des Français et des Françaises".

Le mouvement des pompiers et des salariés du groupe ADP n'est pas la seule menace qui plane sur les aéroports. "Les grèves vont se répéter, nous allons continuer tout l'été s'il le faut", a prévenu vendredi sur franceinfo Christelle Auster, la présidente du Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC), qui représente les hôtesses et stewards de la plupart des compagnies aériennes et demande "l'application du droit du travail et le paiement des heures supplémentaires". Un appel à la grève a été lancé chez Ryanair pour le week-end, en France, Espagne, Belgique, Italie et au Portugal.

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