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Les grèves à Air France et à la SNCF dues "en très grande partie à l'internationalisation du marchés", selon l'Institut supérieur du travail

Le directeur de l'Institut supérieur du travail (IST) Bernard Vivier estime, samedi sur franceinfo, qu'une augmentation salariale de 6% pourrait fragiliser Air France dans un contexte concurrentiel "féroce" dans le transport aérien.

Article rédigé par franceinfo
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Des employés d'Air France en grève, le 22 février 2018 à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, à Roissy. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Les salariés de la compagnie entament leur cinquième jour de grève samedi à l'appel de 11 syndicats pour réclamer une augmentation de salaires après les bons résultats affichés par Air France. Une grève qui fait écho à celle des cheminots de la SNCF. Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail (IST), explique que "le monde des transports est un monde où la conflictualité reste importante en France". Selon lui, c'est "dû en très grande partie à l'internationalisation du marché."

franceinfo : la grève à Air France est-elle historique ?

Bernard Vivier : L'ensemble des personnels sont dans la grève et pas seulement les pilotes de ligne qui sont très souvent en tête de la revendication syndicale. Ce n'est pas une grève historique mais significative, car elle arrive au même moment que celle des cheminots. En 2014, le coût des grèves avait été estimé à 500 millions d'euros. C'est pratiquement l'équivalent des résultats de l'entreprise Air France sur toute l'année 2017.

Les syndicats d'Air France mettent en avant les efforts réalisés par les salariés. Quelle est la nature de ces efforts ?

L'entreprise se trouve depuis plusieurs années dans une situation très difficile et aujourd'hui nous avons un début de redressement. Le résultat opérationnel de l'ensemble du groupe Air France-KLM est de 1,5 milliard d'euros. La partie Air France ne tire qu'un petit tiers de ce résultat et l'ensemble des résultats d'Air-France-KLM, c'e n'est que la moitié des concurrents comme la Lufthansa ou British Airways. Nous avons eu un début de redressement de la situation qui a fait suite à des efforts très importants, y compris sur le plan salarial. La reprise est là. Les personnels disent : "Nous voulons notre part du redressement". La direction dit : "C'est trop tôt, nous sommes fragiles. La concurrence reste féroce pour nous".

Quels sont les points communs avec la grève à la SNCF ?

Le monde des transports est un monde où la conflictualité reste importante. En France, le nombre de conflits diminue d'année en année, sauf dans le domaine des transports. Cela est dû en très grande partie à l'internationalisation du marché. Que ce soit pour le rail ou l'aérien, nous construisons l'Europe et nous avons à construire des forces de services, de rails qui soient capables de se développer sur l'ensemble du territoire européen. Cela remet beaucoup en cause les situations nationales. La concurrence est rude, dangereuse mais aussi prometteuse. Prenons l'exemple de la SNCF qui a une filiale Keolis dont on parle peu, mais qui gagne des parts de marché, qui gagne de l'argent et qui va peut-être permettre à la SNCF d'exister de façon puissante dans quelques années ailleurs qu'en Europe et en France.

Une augmentation de 6% peut-elle fragiliser Air France ?

Oui, et en même temps les grèves, si elles se multiplient, vont coûter de l'argent. Un jour de grève est estimé par la direction à 25 millions d'euros. Vous multipliez par 10 jours de grève, cela fait 250 millions d'euros, donc à peu près ce que les pilotes demandent en augmentation en réclamant 6%.

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