G20 : les chefs d'Etats parlent de "grande dépression"
Si les questions internationales ont agité la première journée de réunion du G 20 à Brisbane en Australie, les enjeux économiques demeurent au cœur de la rencontre. La relance de la croissance mondiale divise les chefs d'Etats et de gouvernement, alors qu'un plan d'action doit être annoncé à la fin du week-end.
Or, lors de leurs discussions, les dirigeants ont évoqué une "grande dépression", et non une "crise". Cette formule très alarmiste, loin du langage très mesuré des sommets internationaux, révèle l'inquiétude des plus grandes puissances économiques (le G20 représente 90% de l'économie mondiale).
"Grande dépression" de l'économie mondiale
De fait, la croissance mondiale n'a jamais retrouvé son niveau d'avant la crise de 2008-2009. L'année 2014 aurait du être celle de la reprise, mais cela n'a pas été le cas. L'Europe est particulièrement menacée, prise dans une dangereuse spirale qui conjugue faible croissance et faible inflation. La déflation serait même à craindre si la situation persiste. Ce serait une très mauvaise situation pour l'Union Européenne car la déflation est une baisse généralisée des prix, qui s'auto-entretient. Tout le monde anticipe une future baisse des prix et suspend ses achats, cette attitude plongeant l'économie dans la paralysie.
Face à cette situation, les Etats devraient adopter un plan d'action qui vise à augmenter la croissance mondiale de 2% d'ici 2019. Une telle augmentation représente 2.000 milliards de dollars de plus pour le PIB de la planète.
Ce plan repose sur la levée des barrières aux échanges commerciaux et les réformes de fond. Ces mesures structurelles concernent par exemple le marché du travail, qui doit être fluidifié dans certains pays.
Relance par les investissements
Mais le plan repose essentiellement sur la nécessité de relancer les investissements pour soutenir la demande. Cette démarche est portée par Barack Obama, qui a cependant prévenu que les Etats-Unis ne peuvent pas soutenir seuls la croissance mondiale.
Tous les Etats du G20, a-t-il précisé, doivent agir pour stimuler la demande. Sa remarque s'adresse directement à l'Union européenne, priée de rééquilibrer sa politique économique en faveur de plus d'investissements, y compris publics, et de moins de rigueur. Ce serait un changement radical pour les Européens, puisque leur politique économique demeure orientée vers la réduction des déficits et l'assainissement des finances publiques.
Cette ligne est défendue par l'Allemagne, alors que la France plaide pour des efforts budgétaires plus mesurés. Pour l'économiste Robin Rivaton, membre du conseil scientifique de la Fondapol, la fondation pour l'innovation publique, ces deux lignes ne sont pas nécessairement antinomiques pour l'Europe.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a bien annoncé un plan d'investissement de 300 milliards d'euros, qui sera détaillé avant la fin de l'année. Mais ces investissements méritent d'être accélérés selon Michel Sapin, ministre des Finances, présent lui aussi à Brisbane.
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