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SwissLeaks : la "Golden Chain", cette liste de financiers d'Al-Qaïda clients d'HSBC

Le journal "Le Monde" publie, mardi, de nouveaux éléments concernant des Saoudiens, clients de la banque suisse, suspectés d'avoir financé Oussama Ben Laden dans les années 2000.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les locaux de la banque HSBC à Genève (Suisse), le 14 juin 2013. (FABRICE COFFRINI / AFP)

Une liste de 20 noms, baptisée "Golden Chain" ("la chaîne en or"). Dans les fichiers de la banque HSBC Suisse, volés en 2007 par l'ancien informaticien franco-italien Hervé Falciani, et dont le contenu a été révélé par une cinquantaine de médias dimanche dont Le Monde, figurent les noms de Saoudiens suspectés d'avoir financé Oussama Ben Laden dans les années 2000. Le quotidien français publie de nouveaux éléments, mardi 10 février, sur ces financiers d'Al-Qaïda et sur la connaissance qu'en avait HSBC.

Comme cette liste a-t-elle été établie ?  

En 2002, les unités spéciales de Bosnie mettent la main, à Sarajevo, sur un disque dur. Selon Le Monde, il contient un dossier intitulé en arabe "Histoire d'Oussama". A l'intérieur, plusieurs textes, dont certains écrits de la main du terroriste, et une liste de 20 noms. Oussama Ben Laden l'aurait surnommée la "Golden Chain".

Un ancien membre d’Al-Qaïda a confirmé ultérieurement que ces noms étaient ceux des principaux financiers de l’organisation terroriste, précise le quotidien. Cette liste n'a toutefois jamais pu être formellement authentifiée.

Qui figure sur la "Golden Chain" ?

De puissants Saoudiens, cheikhs et autres princes. Ces "présumés parrains de Ben Laden avaient placé leurs fonds en Suisse, chez HSBC", révèle de son côté Le Temps.ch. Ils "apparaissent dans les fiches en tant que gestionnaires ou propriétaires de grands conglomérats mondiaux", poursuit le site du quotidien.

Le Monde en dit un peu plus sur leur identité : "Un prince saoudien, qui a, par le passé, protégé le chef d’Al-Qaïda. Un autre prince, dont l’épouse a envoyé de l’argent à un des auteurs des attentats du 11-Septembre. L’ancien trésorier d’une présumée organisation-écran d’Al-Qaida. Ainsi qu’un homme dont l’usine a été bombardée par l’armée américaine parce qu’il était soupçonné d’y fabriquer des armes chimiques."

Le journal cite également deux entrepreneurs, Abdelhadi T. et Mohammad Abdullah Abdulaziz Al-J. Le premier a ouvert au moins un compte en 2004 chez HSBC et "entre 2006 et 2007, les sociétés associées à son profil client ont affiché des mouvements de fonds à hauteur de 44 millions de dollars", précise Le Monde. Les mouvements associés au nom du second, mort en 2004, s’élèvent à 150 millions de dollars.

Le quotidien évoque encore un ancien membre du directoire de l’International Islamic Relief Organization, une organisation humanitaire présumée proche d’Al-Qaïda. Son profil client chez HSBC a été créé en 2002.

La banque HSBC avait-elle connaissance des liens entre ces clients et Al-Qaïda ?

"Dans la plupart des cas", HSBC ne pouvait ignorer que ces personnalités étaient suspectées de financer le terrorisme, affirme Le Temps.ch. "Dans au moins trois cas, il s’avère que HSBC a poursuivi la relation bancaire avec des clients soupçonnés publiquement d’avoir financé le terrorisme."

Et pour cause, leurs noms avaient été dévoilés près de treize ans plus tôt, au cours de l'enquête sur les financements d'Oussama Ben Laden, ouverte dans la foulée des attentats du 11-Septembre 2001. 

Selon Le Monde, les informations publiées par la presse en 2003 "auraient dû mettre la puce à l’oreille du service conformité de HSBC, censé alerter une banque lorsque certains de ses clients sont douteux". Réponse de l'établissement bancaire aux médias qui l'ont sollicité : "La culture de la conformité et les normes de diligence raisonnable au sein de la banque privée suisse HSBC, de même qu’au sein du secteur bancaire en général, étaient significativement moindres qu’aujourd’hui."

Dans un rapport publié en 2012, la commission du Sénat américain a une autre version, résumée par Le Monde : "Du fait de ses règles laxistes et de ses mesures de sécurité insatisfaisantes, HSBC a permis à des terroristes et à des trafiquants de drogues de blanchir de l’argent facilement."

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