Parmi les personnalités épinglées dans le scandale SwissLeaks, dimanche 9 février, on trouve de nombreux sportifs, comme l'ex-tennisman Marat Safin, le pilote de F1 Fernando Alonso ou l'ex-footballeur Christophe Dugarry, accusés d'avoir dissimulé leur bas de laine dans la filiale suisse d'HSBC. Une pratique courante chez les sportifs de haut niveau, qui utilisent la moindre niche fiscale pour réduire leur ardoise. Entre la loi Scellier en France et les fonds d'investissement dans le cinéma au Royaume-Uni, la frontière est ténue entre l'optimisation fiscale et l'illégalité. Francetv info revient sur quatre exemples rocambolesques de pieds nickelés de la fraude.Les boucles d'oreilles de Diego MaradonaDiego Maradona est considéré comme une idole à Naples, plus de vingt ans après son séjour dans la ville. Au sein de l'administration fiscale italienne aussi, l'Argentin est une légende. "El Diez" a été reconnu coupable d'avoir dissimulé 13 millions d'euros en 2005. Avec les intérêts, l'addition s'élève aujourd'hui à 39 millions d'euros.Hors de question pour Maradona de payer, mais hors de question pour lui de renoncer à de lucratives apparitions promotionnelles sur le sol italien. Du coup, le fisc se rembourse petit à petit, à chaque visite du légendaire meneur de jeu : en 2005, la justice saisit son cachet pour sa participation à "Danse avec les stars", sur la RAI. En 2006, il pose à peine le pied en Italie qu'on lui confisque deux Rolex. En 2009, deux boucles d'oreilles en diamant sont saisies. Un bilan dérisoire : quelques dizaines de milliers d'euros en tout.Maradona, pas le dernier à jouer les martyrs, parle "d'embuscades" tendues en Italie, un pays où il se dit "persécuté" : "Je ne suis pas un fraudeur, et je n'ai pas 40 millions d'euros. Je n'ai jamais gagné autant durant toute ma carrière." En février 2014, un avocat proche de Silvio Berlusconi se saisit de sa cause, qui se joue désormais au niveau européen. "Les autorités fiscales sont beaucoup trop intrusives, estime-t-il, cité par la télévision australienne SBS (en anglais). Elles veulent faire de Maradona un exemple."Le parfum de Fabio Capello Fabio Capello, coach de l'AS Rome, lors d'un derby romain, le 27 octobre 2001. (GRAZIA NERI / GETTY IMAGES EUROPE) Sous ses airs austères de prof de maths, Fabio Capello s'y connaît bien en équations fiscales. L'actuel sélectionneur de la Russie – au salaire annuel de 7 millions d'euros – a déjà fait plusieurs fois parler de lui à la rubrique fiscale. Première combine en 1999, quand il tente de convaincre l'administration fiscale qu'il réside à Campione d'Italia, une enclave italienne en Suisse qui bénéficie de privilèges fiscaux incroyables permettant de diviser par quatre le montant de ses impôts. Souci : à l'époque, il entraîne l'AS Rome, située à 650 km de là. Interrogé par le fisc, il est incapable de donner l'adresse de son appartement dans la petite ville. Mais il convainc les fonctionnaires qu'il a cédé aux avances du maire de Campione d'Italia, désireux d'attirer dans sa ville le gratin de la jet-set. Le coach écope de 3 000 euros d'amende, rapporte le Corriere della Sera (en italien).Les démêlés de "Don Fabio" avec l'administration fiscale ne s'arrêtent pas là. En 2006, le parquet de Turin mène l'enquête sur les comptes de l'AS Rome et découvre que le club a versé 4,8 millions d'euros à une société offshore détenue par Fabio Capello pour… des bouteilles de parfum. "Une technique classique des clubs, qui donnent une sorte de bonus à leur staff : les salaires des entraîneurs sont payés en Italie, mais des combines de ce genre leur permettent de payer bien moins de taxes", explique un enquêteur dans le quotidien italien L'Espresso. Le temps que la société de Capello, basée dans le paradis fiscal de Guernesey, livre les bouteilles de parfum, via des sous-traitants, l'entraîneur a changé de club pour l'ennemi juré, la Juventus Turin. Forcément, la Roma décide de ne pas commercialiser les bouteilles de parfum marketées Capello, et elles moisissent dans un container, le temps que les douaniers les détruisent. Pris la main dans le pot de confiture, Capello signe en 2009 un chèque de 5 millions d'euros au fisc. Presque autant que son salaire annuel, à l'époque.Le yacht de Flavio Briatore Elisabetta Gregoraci et Flavio Briatore sur le tapis rouge du festival de Venise, le 2 septembre 2009. (VENTURELLI / GETTY IMAGES) Sous le gouvernement Prodi, le ministre des Finances italien était surnommé "Dracula" pour sa propension à traquer des célébrités dissimulant leurs revenus au fisc. Flavio Briatore en a fait l'amère expérience, quelques années plus tard. L'ancien patron de l'écurie Renault F1, célèbre pour les fêtes à forte teneur en top-models organisées sur son yacht, a été la cible de l'opération pompeusement baptisée "No boat, no crime" en 2010. Les agents du fisc se sont emparés du bateau alors qu'Elisabetta Gregoraci, la jeune compagne du play-boy italien, de trente-cinq ans sa cadette, allaitait leur fils. "C'était traumatisant. Mon lait s'est tari", a-t-elle fait savoir au Daily Telegraph (en anglais).En cause, le statut de l'ancien brise-glace, reconverti en yacht. Flavio Briatore nie y habiter à l'année pour des raisons fiscales, et affirme l'avoir immatriculé aux Caraïbes pour le louer. Conséquence : il ne paie pas un centime de TVA en Europe quand il fait le plein de carburant, ou quand il fait livrer à bord des caisses et des caisses de bouteilles de Dom Pérignon. Les sommes dépassent les 4 millions d'euros et intriguent le fisc italien. Le procès, prévu l'an passé, a été ajourné.Ne vous inquiétez pas pour les affaires de Briatore. Déjà condamné à quatre ans de prison pour banqueroute frauduleuse en 1979, il s'était exilé aux îles Vierges (un paradis fiscal, tiens, tiens) avant de rentrer au pays une fois amnistié, rappelle The Independent (en anglais). Pour maintenir son train de vie, il lui reste le night-club le plus huppé de Sardaigne, où se presse le tout-Hollywood, et son complexe hôtelier sur la côte kenyane, qu'il détient avec son ami Silvio Berlusconi.La double vie de Guus Hiddink Guus Hiddink, alors sélectionneur de la Corée du Sud, le 18 juin 2002. (SHAUN BOTTERIL / GETTY IMAGES EUROPE) C'est l'histoire de l'entraîneur du PSV Eindhoven, un des plus grands clubs des Pays-Bas, qui tente de faire croire qu'il réside en Belgique pour économiser 1,4 million d'euros d'impôts en 2002-2003. "Une vaste blague", a commenté le procureur, ajoutant qu'il était de notoriété publique que le technicien vivait chez sa compagne, à Amsterdam. D'où la réquisition de 9 mois de prison ferme. Le conseiller financier de Guus Hiddink, Simon van den Boomen, lui avait conseillé de passer de temps en temps une nuit en Belgique pour faire illusion. Mais le coach néerlandais n'en a fait qu'à sa tête. "Je n'y ai jamais mis les pieds, a reconnu Hiddink dans la presse néerlandaise. Je n'avais pas envie de m'y rendre pour regarder le plafond."A l'époque, Hiddink occupe le poste de sélectionneur de la Russie. Son employeur, la fédération russe, ne panique pas. "Nous vivons dans un monde civilisé, plus au Moyen-Age, commente son patron, Vitaly Mutko. Je ne pense pas qu'on ira jusqu'à une peine de prison." Ce sera finalement six mois avec sursis et 45 000 euros d'amende pour le coach globe-trotter qui a dirigé la Corée du Sud ou l'Australie au cours de sa longue carrière. Le juge justifie sa décision en expliquant que la mauvaise publicité faite à Hiddink justifie la réduction de peine, note le magazine russe Kommersant. "Il est tombé de son piédestal", persifle même le procureur. Le président de la fédération russe s'empresse de l'assurer de tout son soutien… tant que tout est en règle avec le fisc russe.