Emmanuel Macron de retour chez Whirlpool : les ordonnances "pour les patrons" vont rafraîchir l'ambiance
Le président de la République est de retour mardi à l'usine Whirlpool d'Amiens où s'était déroulée une visite houleuse pendant la présidentielle. Le site menacé est repris, mais l'accueil ne s'annonce pas pour autant chaleureux.
Le déplacement d'Emmanuel Macron à Amiens mardi 3 octobre est hautement symbolique. Le président de la République vient rencontrer la direction et les salariés de Whirlpool, ainsi que Nicolas Decayeux, le repreneur picard de l’usine d’électroménager, alors que le site était voué à la fermeture. Les salariés sont globalement soulagés. Pour autant, l’accueil risque d’être rafraîchi par les ordonnances réformant le code du Travail.
Il est loin le temps du chassé-croisé électoral sur le parking entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. C’était le 26 avril dernier dans l’entre-deux tours de la présidentielle. Depuis, le plan de sauvegarde de l’emploi a été signé. Un repreneur picard s'est engagé. Il maintiendra 277 des 290 emplois actuels. Au portique de l’entrée du site, la tension est retombée. Frédéric Chanterelle, délégué CFDT du site, commente la visite présidentielle : "On va dire qu’il respecte son engagement." Sera-t-il accueilli chaleureusement ? Le comité d’accueil, selon le syndicaliste, n’ira pas jusque-là, à cause des ordonnances.
Il y a la loi Travail, la fin des contrats aidés et ça ne me plait pas. Si notre plan de sauvegarde de l’emploi avait été fait après les ordonnances, il aurait été à ras des pâquerettes.
Frédéric Chanterelle, CFDT chez Whirlpoolà franceinfo
François Ruffin tracte sur les emplois précaires
Le journaliste et réalisateur, François Ruffin, aujourd'hui député la France insoumise, n'est jamais loin du site de Whirlpool. Il distribue des tracts sur le parking s'adressant aux intérimaires : "Jusqu’ici, vous avez été les oubliés du plan social chez Whirlpool". Le 26 avril dernier, François Ruffin avait réussi à se faufiler dans la cohue pour s'adresser au candidat Macron. Le député Insoumis espère que ce n'est pas pour "se faire le chantre Europe et de la mondialisation heureuses", dans un département, dit-il, où la moitié des industries a disparu en vingt ans.
Il y a un gros truc qui continue à déconner, dans le fait qu’on puisse envoyer des sèche-linge en Pologne, et avant les lave-linge en Slovaquie.
François Ruffin, député La France insoumiseà franceinfo
Maria, 25 ans chez Whirlpool, n’est pas franchement impatiente de revoir Emmanuel Macron. "Ça ne nous dérange pas de ne pas le voir", lance-t-elle. Cette salariée, qui avait aussi interpelé directement le candidat à la présidentielle le 26 avril, lui en veut d'avoir modifié le Code du travail et favorisé, dit-elle, le patronat.
Tout est encore fait pour le patron, pour les riches. Et ceux qui trinquent, ce sont encore les ouvriers. On en a ras le bol. On se lève à 4h du matin, on bosse dur. Ce sont les ouvriers qui ont besoin d’aide, pas les autres.
Maria, salariée chez Whirlpoolà franceinfo
Patrice Sinoquet, délégué CFDT de Whirlpool et secrétaire du CHSCT, prévoit d'accueillir Emmanuel Macron avec "une poignée de main normale". Il y a cinq mois, il avait voulu éviter tout contact avec Emmanuel Macron. "Aujourd'hui, si ça peut nous promouvoir notre futur boulot, on va s’en servir."
Quand Emmanuel Macron arrive chez Whirlpool, les ouvriers ne déroulent pas le tapis rouge sur le parking de l’usine, ni avant, ni maintenant qu’il est président. Ils promettent en quelque sorte un retour sur terre à Jupiter : "On va lui dire : 'Manu, tu descends !'"
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