La plateforme de Total déjà épinglée pour ses fuites
Le quotidien britannique "The Guardian" l'a classée au second rang des pires plateformes de la mer du Nord en juillet 2011 en termes de déversements importants et dangereux de pétrole ou de gaz.
C'est sans doute la fuite la plus importante, mais ce n'est pas la première. La plateforme Elgin-Franklin, évacuée dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 mars, a ainsi été classée au second rang du palmarès des pires plateformes de la mer du Nord par The Guardian en juillet 2011. Un classement que rappelle Le Monde jeudi.
Pour l'établir, le quotidien anglais s'était basé sur des documents confidentiels pointant les déversements importants et dangereux de pétrole ou de gaz des différentes installations. Selon Le Monde, Total avait déjà rencontré de nombreuses et importantes difficultés sur ce puits, au point qu'il aurait pris la décision, il y a quelques semaines, de le "tuer".
Toujours selon Le Monde, Total, qui compte une vingtaine de plateformes dans la zone, a été sanctionné sept fois et poursuivi une fois ces six dernières années pour des manquements aux règles de sécurité concernant notamment l’entretien défaillant des équipements de ces installations, la non-déclaration d’un incident dangereux ou encore des défauts de protection des ouvriers.
• La fuite localisée
On ne connaît pas encore l'ampleur de la fuite de gaz sur la plateforme Total en mer du Nord, mais elle est localisée. Selon une porte-parole du groupe, jeudi, elle "provient d'un puits désaffecté, un puits qui a été bouché il y a un an, dans une formation rocheuse à 4 000 mètres de profondeur". Elle se trouve au-dessus du réservoir de gaz, qui se trouve à 5 500 mètres. Toutefois, son ampleur reste "difficile à estimer".
Dans la nuit de dimanche à lundi, la fuite a contraint Total à évacuer plus de 200 personnes travaillant sur la plateforme d'Elgin-Franklin, à 240 km à l'est de la côte écossaise, en mer du Nord. La compagnie française avait estimé qu'il s'agissait "plus gros incident pour Total en mer du Nord depuis au moins dix ans". Elle a d'ailleurs déclenché un plan d'urgence.
• Quel dispositif déployé ?
Deux navires transportant des équipements anti-incendie et un autre bâtiment, muni d'un sous-marin équipé d'une caméra pour inspecter la plateforme, ont pris position près de celle-ci. On ne sait pas encore quand il va entrer en action.
Ces bateaux se trouvent à l'extérieur d'une zone d'exclusion maritime de 2 milles (3,7 km) instaurée autour de la plateforme, où une torchère continuait à brûler jeudi. Cette flamme à l'air libre fait craindre aux experts une explosion si le vent venait à tourner, ramenant le gaz vers celle-ci.
• Quelles options pour colmater la fuite ?
Le ciment. Les ingénieurs pourraient l'injecter directement depuis la plateforme. C'est l'option dangereuse compte tenu des volutes toxiques et explosives qui s'échappent en ce moment. Les techniciens pourraient enflammer le nuage gazeux si leur matériel électrique ou leur outillage métallique émettait la moindre étincelle.
Le puits de secours. C'est la solution la plus sûre. Ce choix permet en effet aux ingénieurs d'opérer loin de la source gazeuse. Le problème, c'est le temps que ce genre d'opération peut prendre. Il faut en moyenne trois mois pour forer. Il faudrait ainsi, selon les ingénieurs, percer quatre kilomètres de roches. Qui plus est, le forage doit être très précis pour intercepter la poche de gaz au bon endroit, ce qui nécessite de réviser sans cesse le trajet de la foreuse en cours de route.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.