La direction de la SNCM dépose le bilan, les syndicats craignent un plan social
L'actionnaire majoritaire de la compagnie, Transdev, a exigé le remboursement immédiat des créances de sa filiale, provoquant la cessation de paiement.
C'est la fin du sursis pour la compagnie maritime SNCM. La direction de l'entreprise, qui assure les liaisons entre la Corse et le continent, a annoncé le dépôt de bilan lors d'un comité d'entreprise, lundi 3 novembre, selon des sources syndicales. La direction n'a pas précisé la date formelle du dépôt, a indiqué Pierre Maupoint de Vandeul, l'un des représentants de la CFE-CGC.
Privatisée en 2006, la SNCM est confrontée depuis des mois à d'importantes difficultés financières. Surtout, la compagnie doit rembourser un peu plus de 400 millions d'euros, pour avoir touché entre 2007 et 2013 des aides de l'Etat, jugées illégales par la Commission européenne.
Une étape pour annuler les condamnations européennes
Les actionnaires majoritaires de la SNCM, Transdev et Veolia (66% du capital), souhaitent depuis plusieurs mois déposer le bilan, puis placer l'entreprise en redressement judiciaire, ce qui, selon ses dirigeants, constitue la seule solution pour "empêcher [sa] disparition pure et simple". L'Etat, actionnaire à 25%, Veolia et Transdev estiment en effet que ce redressement judiciaire, une étape "technique", va permettre à la compagnie à la fois d'annuler les condamnations européennes et de trouver un nouvel actionnaire à cette société chroniquement déficitaire.
Selon l'analyse de Transdev, le redressement judiciaire permettra, en négociant avec Bruxelles, de s'affranchir de ces remboursements, et ainsi de surmonter le principal obstacle à la recherche d'un repreneur. Transdev estime ainsi qu'il n'y a "que dans le cadre du redressement judiciaire que les négociations avec Bruxelles peuvent aboutir, et qu'un repreneur peut être identifié".
Les syndicats inquiets
Depuis de nombreux mois également, les syndicats ont une tout autre lecture du dossier, et mettent en garde : Transdev prendrait "cette décision en toute connaissance des risques", au premier rang desquels le fait que le contrat de délégation de service public (DSP) de la desserte de la Corse pourrait ne pas être transmis au repreneur. Ce contrat, qui court jusqu'en 2023 et qu'elle partage avec une autre société, la Méridionale, constitue la principale source de revenus de l'entreprise.
Les organisations syndicales estiment également que le passage par le tribunal de commerce n'offre aucune garantie sur l'effacement des condamnations européennes, mais permettra aux actionnaires de faire un plan social à moindres frais. Selon la CFE-CGC, les actionnaires placent "délibérément leur filiale dans une position de cessation de paiement organisée alors que cette dernière dispose actuellement de 35 millions d'euros disponibles en banque et possède un actif naval évalué à dire d'expert avant saison à 220 millions d'euros".
La SNCM compte environ 2 000 emplois, dont 1 508 CDI, et fait vivre de nombreux sous-traitants sur le port de Marseille. Début octobre, la direction de la compagnie avait défini un "périmètre à l'équilibre" qui comprendrait entre 800 et 1 000 emplois.
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