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La reprise de la Fonderie du Poitou ne rassure pas

Le tribunal de commerce de Nanterre a confirmé la reprise par l'équipementier automobile Saint Jean Industries, qui s'est engagé à préserver 395 des 455 postes de travail. Mais des doutes subsistent.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Chaîne de production à la Fonderie du Poitou le 19 janvier 2012, à Ingrandes (Maine-et-Loire). (ALAIN JOCARD / AFP)

La Fonderie du Poitou (FDPA) pourra continuer son activité : le tribunal de commerce de Nanterre a confirmé jeudi 19 avril la reprise du site par l'équipementier automobile Saint Jean Industries, basé dans le Rhône. Dans son offre, le repreneur s'est engagé à préserver 395 des 455 postes.

"Cette décision, certes attendue, reste inespérée au regard de la situation dans laquelle se trouvait la Fonderie lors de son placement en redressement judiciaire", s'est réjoui le mandataire judiciaire de FDPA, Christophe Basse. Malgré l'engouement, l'annonce fait polémique.

• Quelle est l'activité de FDPA ?

La Fonderie du Poitou, qui appartient aujourd'hui au groupe Montupet, est un fabricant de culasses, sous-traitant de Renault. Il a été placé en redressement judiciaire le 20 octobre, après une grève de deux mois des salariés, qui protestaient contre un plan de la direction visant à baisser les salaires de 25%. Les salariés réclamaient depuis leur réintégration au groupe Renault, qui a créé l'usine en 1979 avant de la revendre en 1998.

• Sarkozy accusé de "récupération"

A quelques jours du premier tour de la présidentielle, le président candidat Nicolas Sarkozy s'était rendu lundi 16 avril sur le site de FDPA pour annoncer la reprise, alors que la justice n'avait pas encore validé l'accord.

"Nous refusons cette récupération qui veut faire oublier son bilan catastrophique pour l'emploi", avait alors déclaré Bernadette Pessemesse, déléguée CGT, rappelant l'empressement du chef de l'Etat auprès des salariés d'ArcelorMittal, Pétroplus, Lejaby ou encore Photowatt pendant la campagne présidentielle.

• Une offre jugée "faible"

"L'offre de Saint Jean Industries est sérieuse en termes de prix et de prévisions d'exploitation et désormais garantie par les engagements de Renault [dont les commandes représentent encore 85% du chiffre d'affaires de la fonderie]. Mais elle reste encore faible pour le désintéressement des créanciers, qui seront nombreux à être lésés", souligne Christophe Basse. Le 14 mars, Renault a promis une commande de près d'un million de culasses en 2015, le volume qui serait nécessaire pour assurer la viabilité de FDPA.

Nicolas Sarkozy a annoncé lundi que l'activité ne sera que "partielle" les deux premières années. Mais il a assuré qu'il n'y aura "pas de perte de salaire" et "une convention pour que les salariés en activité partielle aient une formation".

• Des doutes sur le repreneur

A côté de celle de Saint Jean Industries, quatre autres offres ont été écartées. Mais le passé du repreneur a laissé un goût amer. "Saint Jean Industries avait repris la fonderie Duranton Sicfond de Vénissieux en 2005… pour la mettre en liquidation en 2009", rappelle le sénateur Guy Fischer sur expressions, site de nouvelles de Vénissieux, dénonçant lui aussi "une basse manœuvre électoraliste".

La maire de Vénissieux, Michèle Picard, "ne souhaite pas aux ouvriers de la Fonderie du Poitou de connaître dans un proche avenir l'humiliation et le mépris qu'ont subi les salariés de Vénissieux". Elle se dit "en colère" face à ce qu'elle qualifie de "Monopoly financier".

 • Quelle ardoise pour faire redémarrer le site ?

Nicolas Sarkozy avait annoncé que Saint Jean Industries allait bénéficier de 12 millions d'euros d'investissement de l'Etat, grâce au Fonds de modernisation des équipementiers automobiles, tandis que Renault investira 19 millions d'euros dans FDPA, qui pourra en outre compter sur une aide publique de 8 millions d'euros au titre de la réindustrialisation.

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