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Reportage "Ça permet d'être plus efficace" : pourquoi de nombreuses entreprises françaises font marche arrière sur le télétravail

Devenu la norme pendant la pandémie de Covid, le travail à distance a moins la cote ces derniers temps. De nombreuses entreprises françaises réduisent le nombre de jours de télétravail autorisés par semaine, comme chez Amazon.
Article rédigé par Alain Gastal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Illustration (SALESSE FLORIAN / MAXPPP)

En 2022, 19% des salariés français ont télétravaillé au moins un jour par semaine. Mais le travail à distance semble victime d'un tour de vis des entreprises. Sans remettre en cause le principe, des géants de la tech américaine et de nombreuses sociétés françaises du tertiaire, de la banque ou de la publicité réduisent le nombre de jours de télétravail autorisés chaque semaine. Le spécialiste de l'immobilier d'entreprise JLL a ainsi mené une étude à l'échelle internationale et 87% des entreprises interrogées imposent un retour au bureau au moins une partie du temps, un tiers ont mis en place une obligation de présence certains jours.

C'est le cas notamment au siège d'Amazon France, dans la banlieue parisienne de Clichy. Le géant du e-commerce est passé de 3 à 2 jours maximum de télétravail par semaine. Une mesure décidée par la direction mais plutôt bien acceptée par les salariés notamment pour Liliana qui avait même anticipé le retour au bureau : "Je venais déjà la majorité du temps au bureau. Ça permet d'avoir une atmosphère de travail plus agréable, mais aussi d'être plus efficace : c'est plus simple d'aller voir quelqu'un à son bureau pour lui poser une question plutôt que de lui envoyer un mail ou un message."

Il est vrai que l’entreprise a fait des efforts pour rendre le bureau attractif : salles de sport, de musique, espace détente, café et thé à volonté. Pour Boris, désormais, la bonne dose de télétravail, c’est 0%. Il garde même de mauvais souvenirs de ces réunions à distance pas toujours efficaces : "On a usé de toute la créativité qu'on avait pour essayer de faire des jeux, des apéros en ligne mais ça ne remplace jamais les réunions physiques. J'ai été amené à recruter des personnes pendant le Covid, des jeunes gens dont c'était la première expérience dans le monde de l'entreprise. Être formé sur des procédures et des métiers à distance, c'était très compliqué."

"Que l'équipe se retrouve, qu'il puisse y avoir des meetings"

Restent quand même deux jours de télétravail autorisés par semaine en essayant de laisser une latitude dans le choix des jours aux salariés pour permettre les week-ends prolongés ou anticipés. "Ce qu'essayent de faire nos managers, c'est de trouver une journée par semaine où toute l'équipe est là, précise Catherine Schilansky, DRH France d'Amazon. Parce que finalement, c'est aussi ça qu'on veut : que l'équipe se retrouve, qu'il puisse y avoir des meetings, des échanges et puis généralement les deux autres jours sont laissés à discrétion."

Dans de nombreuses entreprises, les accords télétravail vont ainsi se renégocier à la baisse et coté syndicat la CFE-CGC y est plutôt favorable, assure Jean-Francois Foucard, secrétaire confédéral chargé du dossier : "Faire du télétravail dans un studio, être à plusieurs en télétravail au même endroit... Il y a plein de gens qui peuvent avoir des troubles musculosquelettiques. Deuxième sujet : on a désormais un outil qui s'appelle la visio. Si vous le faites à haute dose c'est nocif pour la santé, à un moment donné, on sature notre système nerveux..." Dernier point souligné par le syndicat : les tâches qui se feraient entièrement en télétravail seraient plus faciles à filialiser, voire à délocaliser.

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