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"On n'a pas le choix, on nous a mis au pied du mur" : à Belfort, les salariés d'Alstom sont résignés

Au lendemain de l'annonce de la fusion des activités ferroviaires avec l'allemand Siemens, à la sortie du site d'Alstom à Belfort, mercredi, la plupart des salariés sont inquiets, mais résignés.

Article rédigé par Anne Lamotte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des salariés d'Alstom devant le site de Belfort, en septembre 2016. Image d'illustration. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Certes, le gouvernement se veut rassurant après le mariage entre Alstom et Siemens officialisé mardi 26 septembre, et parle d'une fusion 50-50. Mais c'est bien le groupe allemand qui va prendre le contrôle du français. Mercredi 27 septembre, à la sortie du site d'Alstom à Belfort, les réactions des salariés d'Alstom sont partagées. Beaucoup sont résignés.

"On nous a mis au pied du mur", regrette un salarié d'Alstom à Belfort après la fusion avec Siemens : le reportage d'Anne Lamotte

Bruno est l'un des très rares salariés à garder le sourire. Ce mariage ne déplaît pas à ce technicien d'Alstom depuis 27 ans. Il estime même que c'est indispensable pour faire face à la concurrence chinoise. Cela pourrait bien rendre Alstom plus fort, selon lui. "On espère avoir plus de charge de travail, dit-il. Après, je ne sais pas comment ça va se passer plus tard. Il faut voir." 

Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Je ne vais pas me stresser pour ça ! Ce n'est pas la peine.

Bruno, salarié d'Alstom à Belfort

à franceinfo

Si Bruno voit le verre à moitié plein, Laure le voit à moitié vide. "On ne peut pas forcément être optimiste", estime celle qui a déjà passé 10 ans à l'ingénierie chez Alstom. Ce qui l'inquiète, ce sont les licenciements. Entre les TGV, les TER, les trains régionaux, les trams, les métros et les signalisations, Alstom et Siemens fabriquent quasiment la même chose. 

Les promesses, un air de déjà-vu

Mercredi matin, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a tenté de rassurer les salariés en assurant que l'État avait obtenu des "garanties solides", notamment le maintien de l'emploi et des sites industriels pour une durée de quatre ans, la cotation du groupe à Paris, le maintien du siège social en France et sa direction par un PDG français

Laure, elle, pense à ces mêmes promesses faites il y a deux ans par l'Américain General Electric lorsqu'il a racheté la branche énergie d'Alstom"Ce n'est pas forcément très rassurant parce que ces promesses n'engagent que les grandes sociétés de les tenir, soupire-t-elle. Donc, on voit bien ce que ça fait avec General Electric qui finit par faire des départs volontaires ou licencier des personnes sachant qu'il avaient promis d'embaucher."

Pourquoi Siemens tiendrait parole, par rapport à un gros groupe comme General Electric qui s'était engagé sur la même chose ?

Laure, salarié d'Alstom à Belfort

à franceinfo

Pour l'instant, Siemens s'est engagé à ne pas licencier pendant quatre ans, selon le syndicat allemand de l'industrie IG Metall. À Belfort, les salariés sont résignés, mais vigilants. "De toute façon, on n'a pas le choix, on nous a mis au pied du mur", lâche l'un d'eux, regrettant que l'Etat "brade" Alstom. Ils ne comptent pas descendre dès demain dans la rue, mais si dans les mois ou les années qui viennent, leurs emplois sont menacés, ils promettent de faire entendre parler d'eux.

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