Qui recrute encore en France ?
Malgré la crise, quelques entreprises embauchent. Certaines d'entre elles peinent même à trouver des salariés. Tour d'horizon.
ENTREPRISES - Près de 45 400 demandeurs d'emploi de plus inscrits à Pôle emploi. La France a connu sa 18e hausse consécutive de chômage en octobre, selon les chiffres annoncés par les services statistiques du ministère du Travail (Dares), mardi 27 novembre à 18 heures. Pour François Hollande, le chômage augmentera pendant encore un an en France, le temps pour le gouvernement de "concentrer les armes" nécessaires à inverser la tendance.
Pourtant, au milieu des annonces régulières de suppressions d'emplois, quelques secteurs recrutent encore en France. Voici lesquels.
Des multinationales
Amazon. L'entreprise de commerce en ligne américaine offre l'exemple le plus récent. Elle a annoncé lundi l'ouverture d'un quatrième centre de distribution au "deuxième semestre 2013" à Lauwin-Planque, dans le Nord. Près de 2 500 emplois doivent être créés. Amazon possède déjà trois sites de ce type : un à Saran (Loiret), ouvert en 2007, un autre à Montélimar (Drôme), ouvert en 2010. Le troisième, situé à Sevrey (Saône-et-Loire), a été inauguré en septembre. Lundi, Amazon a indiqué que ses trois centres français emploient chacun jusqu'à 1 400 collaborateurs permanents.
Safran. Le groupe français d'aéronautique, de défense et de sécurité va recruter 3 000 personnes en France en 2013, a indiqué le 4 octobre la direction de l'entreprise. Il s'agit principalement d'ingénieurs et de cadres (75%) qui seront embauchés selon la direction, dans "le cœur de métier" du groupe : la recherche et le développement. Déjà en 2012, plus de 6 000 personnes ont été recrutées et 800 postes créés en France.
Comment ces entreprises parviennent-elles à recruter ? Une aide publique française, décryptée en juin par francetv info, ne serait pas étrangère aux embauches d'Amazon. Selon La Tribune, 4 500 euros lui ont été versés par emploi créé.
Pour Safran, selon le syndicat CFDT du groupe, les recrutements répondent "aux départs en retraite qui touchent toutes les sociétés du groupe".
Des entreprises publiques françaises
La SNCF. Elle a indiqué le 24 septembre qu'elle embaucherait plus de 40 000 personnes d'ici 2017. Mécaniciens, électriciens, ingénieurs, chefs de projet, conducteurs de train, contrôleurs, agents de sûreté : un millier de postes ont d'ores et déjà été proposés lors d'un forum pour l'emploi organisé le 10 octobre. La SNCF pourrait aussi embaucher une partie des 3 000 salariés de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui doit fermer ses portes en 2014.
EDF. Le groupe a recruté 6 000 personnes en 2012, dont 90% en France, et prévoit le même nombre d'embauches pour 2013. "En trois ans, à fin 2013, ce seront ainsi près de 18 000 nouveaux salariés qui auront rejoint le groupe en France, du niveau exécution au niveau cadre", indique l'électricien dans un communiqué mis en ligne sur son site internet le 4 octobre. En réalité, si l'on soustrait les départs en retraite, il y a eu 1 500 recrutements nets en 2012 et il y en aura 2 000 en 2013.
La Poste. La direction du groupe a annoncé, le 13 septembre, le recrutement de "15 000 personnes sur la période 2012-2014 au lieu des 10 000 initialement prévus". 5 000 jeunes seront concernés. Selon la direction, l'ensemble de ces embauches se feront en contrat à durée indéterminée. Mais ces embauches ne compenseront pas les départs naturels, estimés entre 8 000 et 10 000 par an, selon les syndicats. Entre 2009 et 2011, l'entreprise a supprimé 18 352 emplois, notamment du fait du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux.
Comment ces entreprises parviennent-elles à recruter ? La SNCF se porte très bien, compte tenu de l'explosion des prix des carburants qui pousse de plus en plus de personnes à délaisser leur voiture ou l'avion au profit du train. Elle fait aussi face à de nombreux départs en retraite.
Chez EDF, tous les métiers sont concernés : production, distribution, activités commerciales, ingénieurs chercheurs. Mais l'essentiel des recrutements reste destiné au nucléaire. Un mouvement qui devrait perdurer au cours des prochaines années "car les chantiers dans cette branche sont très nombreux".
A La Poste, l'annonce de ces embauches a eu lieu deux jours après la présentation d'un rapport sur les conditions de travail qui préconisait précisément 5 000 embauches. Ce rapport avait été commandé par la direction après deux suicides de salariés qui ont secoué l'entreprise publique au printemps.
Des professions qui connaissent une pénurie de candidats
Serveur et cuisinier. Le secteur de l'hôtellerie-restauration constitue le premier vivier de recrutement, d'après une enquête annuelle de Pôle emploi, publiée le 10 mai. Et cela devrait continuer : 65 millions de postes sont à pourvoir à travers le monde d'ici à 2021, selon L'Etudiant.fr.
Infirmier. Chez les infirmiers, en 2012, Pôle emploi a recensé 23 510 postes vacants, dus à des départs à la retraite ou à des professionnels qui ont préféré s'installer en libéral. Tous ne seront pas pourvus, selon un reportage de France 2 diffusé le 30 août.
Ouvrier dans l'industrie automobile. Le 25 octobre, sur France Inter, Laurent Vronski, dirigeant d'une PME d'Argenteuil (Val-d'Oise), a exprimé son désarroi face aux problèmes de recrutement qu'il rencontre, rappelle Usine nouvelle.com. Son entreprise, spécialisée dans la fabrication des compresseurs d'air destinés au démarrage des moteurs de voitures, peine à trouver des candidats.
D'autres professions sont également concernées par cette pénurie, comme cueilleur agricole ou animateur sportif. Au total, L'Etudiant.fr recense 100 métiers qui ont une mauvaise image mais qui recrutent.
Pourquoi ces métiers peinent-ils à recruter ? D'une année sur l'autre, le top 15 des métiers en tension varie peu, selon Pôle emploi. "Le noyau dur des pénuries est constitué d'emplois assez peu qualifiés avec un fort déficit d'image, et qui ont la particularité d'être assez mal rémunérés, de présenter des conditions de travail compliquées", analyse Eric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques. "La conséquence, c'est que les recruteurs sont confrontés à un important turn-over parce qu'ils ont du mal à fidéliser leurs employés." D'où les recrutements massifs dans certains secteurs, malgré la crise.
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