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Pourquoi la Chine séduit moins les grandes marques de prêt-à-porter

H&M a décidé d'étendre son réseau de fournisseurs à l'Ethiopie. Les usines textiles chinoises sont devenues moins attractives pour les grandes chaînes de distribution, qui cherchent à produire à bas coûts.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une ouvrière d'une usine de textile à Huaibei, dans le nord de la Chine, le 24 juillet 2013. ( AFP )

Elle a perdu de son attractivité. La Chine séduit moins les grandes marques de prêt-à-porter du monde entier. Ainsi, le groupe H&M a annoncé, vendredi 16 août, qu'il allait prochainement étendre son réseau de fournisseurs à l'Ethiopie. Jusqu'ici, Hennes & Mauritz concentrait 80% de sa production en Asie, plus particulièrement au Vietnam et au Bangladesh. Car le géant suédois boude la Chine depuis quelques années déjà.

En cause, les salaires. Ils ont bondi de 181% entre 2004 et 2012, selon L'Expansion. Au point que, dans plusieurs régions chinoises, le salaire minimum est au même niveau qu'en Roumanie et en Bulgarie, précise le quotidien Les Echos. La hausse est davantage marquée dans le secteur du textile. Les salaires y ont grimpé de 25% en 2012, et ils devraient encore progresser de 20% en 2013, affirme le site de BFMTV.

Moins de compétitivité

Cette "'révolution sociale' provoque une augmentation de la rémunération horaire et par là même une réduction de la compétitivité", souligne Aurélie Sannajust, maître de conférences à l'université de Saint-Etienne / Lyon-II, sur un blog du Monde.frLa perte de compétitivité incite les grandes marques à chercher dans d'autres régions de la main-d'œuvre à bas coût. D'abord au sein même de la Chine, puis au Vietnam, au Cambodge, au Bangladesh, et maintenant en Ethiopie. "H&M et les autres grands groupes spécialisés dans l'habillement, les 'donneurs d'ordre', cherchent des pays dans lesquels les ouvriers des usines de textile ont à la fois de bas salaires et possèdent un savoir-faire"explique à francetv info Nathalie Gennérat, experte au sein de l'Observatoire économique de l'Institut de la mode.

Si la perte de compétitivité de la Chine permet de rebattre les cartes, le pays reste le plus gros exportateur de textile mondial. "Cela ne va pas changer d'un seul coup : on ne peut pas se passer d'un tel acteur du secteur du jour au lendemain. Le phénomène a commencé depuis quelques années et se poursuit, petit à petit. Ensuite, même si la Chine ne s'impose plus, elle sera toujours présente", analyse Nathalie Gennérat.

La Chine remplacée par l'Ethiopie ?

Pour l'instant, la recherche de nouveaux marchés pousse H&M, l'enseigne britannique Tesco et même le fabricant chinois de chaussures Huajian, qui fournit les marques Guess et Tommy Hilfiger, vers l'Ethiopie. Ce pays "est un réservoir de main-d'œuvre, jeune, éduquée, avec un potentiel de croissance important", et bénéficie aussi "d'une stabilité politique très importante pour les investisseurs", estime sur BFMTV.com Laurence Daziano, professeur d'économie et spécialiste des pays émergents.

Mais les usines destinées à la production d'H&M ne sont pas encore opérationnelles en Ethiopie, et les différences de coût de production avec la Chine pourraient n'être que temporaires. Selon le Wall Street Journal (article en anglais pour abonnés), les coûts de production d'un vêtement ont augmenté de 18% en Ethiopie entre 2010 et 2011, tandis qu'ils n'ont connu qu'une augmentation de 7,7% en Chine sur la même période. Si ce mouvement se poursuit, le coût de production dans le pays africain sera plus important qu'en Chine dès 2019, d'après le quotidien. 

L'empire du Milieu peut aussi compter sur sa productivité, qui croît à peu près au même rythme que les salaires, selon L'Expansion. Un atout majeur qui permet au pays d'entretenir sa compétitivité.

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