"Pierre Gattaz veut mettre l'entreprise au cœur du système, quitte à laisser de côté le dialogue social"
Elu mercredi à la tête du Medef, ce fils d'industriel ne partage pas les marottes de sa prédécesseur.
Seul candidat sérieux en lice, Pierre Gattaz a pris la tête du Medef mercredi 3 juillet, avec 95% des voix à l'assemblée générale. Le patron du Groupe des fédérations industrielles et de Radiall, une entreprise d'aéronautique, succède ainsi à Laurence Parisot à la présidence du syndicat patronal. Que changera-t-il au Medef ? Explications avec Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail.
Francetv info : Quel type de patronat incarne Pierre Gattaz ?
Bernard Vivier : Tout d'abord, il faut rappeler que Pierre Gattaz est issu d'une lignée d’industriels. C'est un milieu qu'il connaît bien et dont il a le soutien. De même, s'il a commencé dans une entreprise familiale, il n'est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Il s’agit d’un vrai entrepreneur qui a su redynamiser son entreprise et s’adapter à des contextes économiques différents.
Finalement, il tient de son père Yvon Gattaz [président du CNPF, l’ancêtre du Medef, de 1981 à 1986] un discours guerrier, un peu bagarreur. Pendant la campagne, il a affirmé "souhaiter un Medef de combat", faisant écho à cette fermeté que les entreprises voulaient. Ce qui lui a assuré le soutien des trois plus importantes fédérations du syndicat patronal : l'Union des industries et des métiers de la métallurgie, la Fédération française des sociétés d'assurances et la puissante Fédération bancaire française.
Comment se différencie-t-il de Laurence Parisot ?
Laurence Parisot incarnait un Medef très personnalisé. Elle venait des activités de service et a largement ouvert le Medef aux dialogues sociaux et aux questions sociétales. Pierre Gattaz n'est pas du tout dans la même démarche. Il souhaite remettre l'entreprise au cœur du système, quitte à laisser de côté le dialogue social.
Entre l’industrie et l'ancienne présidente, qui incarnait l'appareil des services, il y avait des moments douloureux. Or, si Pierre Gattaz n’est peut-être pas un rassembleur proprement dit, il pourrait être le médiateur de ces deux mondes et accélérer la cicatrisation entre ces deux branches professionnelles.
Quelles positions défendra-t-il lors de négociations avec le gouvernement et les partenaires syndicaux ?
Sans être un homme de dialogue social, il n’est pas contre les négociations. Pourtant, il est très clair sur ses positions : ses chevaux de bataille sont la compétitivité et la performance. Très exigeant par rapport au gouvernement, il s’est aussi prononcé pour une augmentation de la durée de cotisation et un report de l’âge légal de la retraite. Il voudra sûrement aussi s’attaquer au coût du travail, dénoncer les 35 heures et réclamer une réduction des dépenses publiques.
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