Les entreprises qui suppriment des emplois... et celles qui recrutent
PSA, Crédit Agricole, BNP Paribas,... Les annonces de suppressions de postes de grands groupes se multiplient. Mais quelques entreprises prévoient aussi de recruter.
PSA, Crédit Agricole, BNP Paribas... En France, crise oblige, les annonces de suppressions de postes dans de grands groupes se multiplient. Et d'autres sociétés françaises, comme Areva et Air France, pourraient être touchées.
Combien d'emplois ont été détruits ou supprimés en France en 2011 ? Impossible de le savoir. "C'est un chiffre qui n'existe pas", explique la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère de l'Emploi (Dares), qui note cependant un ralentissement de la création d'emplois cette année.
FTVi fait le point sur les principales annonces françaises de mesures d'austérité dans les entreprises, de postes supprimés ou non-renouvelés.
Les banques se serrent la ceinture
BNP Paribas, le Crédit agricole et la Société générale... Les établissements qui trinquent sont d'abord ceux dont les activités sont engagées dans les pays surendettés de la zone euro. D'ailleurs, l'agence de notation Moody's a abaissé leur note le 9 décembre.
• BNP Paribas supprime 373 postes en France
Le groupe bancaire l'a confirmé le 16 novembre, précisant que 1 023 postes étaient également sur la sellette à l'étranger. Ces suppressions se feront "essentiellement dans la banque de financement et d'investissement et au niveau mondial", avait précisé Baudouin Prot, numéro 1 du groupe, sur radio Classique.
• Le Crédit agricole confirme la suppression de 850 postes en France
Le groupe a confirmé le 14 décembre la suppression de 2350 postes, dont 850 en France. Il explique que les secteurs concernés seront "la Banque de financement et d'investissement et le crédit à la consommation, en France et à l'international". Il annonce toutefois une campagne de recrutement pour 2012, à hauteur de 3 500 personnes en France, à laquelle s'ajoutent "3 000 recrutements en alternance".
• La Société générale discute avec les syndicats
Elle n'a rien annoncé. Mais le quotidien Les Echos rapportait, le 15 novembre, que le groupe "parle de suppressions de postes avec les syndicats". "On négocie le PSE (plan de sauvegarde de l'emploi). Entre 500 et 650 postes seraient concernés", a déclaré au quotidien économique une source syndicale, à l'issue d'une réunion avec le PDG Frédéric Oudéa.
Les industries à la peine
Alors que les candidats à la présidentielle prônent une réindustrialisation de la France, les usines de plusieurs secteurs sont affectées.
• PSA Peugeot-Citroën va supprimer 1 900 postes
Les sites de Sochaux, Rennes et Aulnay sont les plus touchés. Parmi eux, 1 019 concernent le secteur de la production. Ces coupes affectent également le secteur de la recherche et du développement, avec 495 suppressions prévues.
• Pfizer sabre 475 postes
Le groupe pharmaceutique a annoncé le 20 septembre un plan social qui va aboutir à la suppression de 475 postes en France, dont 225 licenciements, rapporte Le Figaro.
La presse en berne
Du côté des rédactions, les conditions ne sont pas plus réjouissantes.
• Le quotidien France-Soir a tiré sa révérence en version papier et ne sera désormais présent que sur internet. Le journal qui employait 127 personnes va en licencier 89.
• Le quotidien économique La Tribune va demander son placement en redressement judiciaire avant la fin de l'année. Le représentant du SNJ au sein de l'entreprise a souligné que "la direction a annoncé qu'elle renonçait au plan social prévoyant seize suppressions de postes sur 165 salariés".
Austérité dans le secteur de l'énergie
• Areva affirme qu'il ne supprimera pas de postes
Le groupe nucléaire Areva a annoncé le 13 décembre un plan d'austérité, qui comprend notamment un gel des embauches pour les fonctions non industrielles, une absence de bonus en 2011, un gel des salaires en 2012, et une suspension des investissements en France et à l'étranger.
• Véolia annonce un plan de réorganisation
Le groupe, qui emploie 110 000 personnes en France, a dévoilé le 6 décembre un plan de désendettement et de réorganisation. Antoine Frérot, PDG du groupe, a assuré dans un entretien au quotidien Les Echos qu'il n'y aura pas de licenciements.
Incertitudes chez Air France et Alcatel-Lucent
• Air France dément la suppression de 2 000 postes
La compagnie française a démenti le 15 décembre l'information du quotidien La Tribune selon laquelle le groupe allait supprimer 2 000 postes en 2012. Toutefois, comme prévu, la direction du groupe doit présenter un plan d'économies à la mi-janvier. Air France précise que les mesures sont encore "en cours d'élaboration" et que "rien n'est arrêté à ce stade".
• Chez Alcatel-Lucent, 360 postes sont menacés
Selon le quotidien régional Ouest-France, syndicats et dirigeants doivent poursuivre les négociations début 2012 afin de "tout faire pour que ce nombre soit revu à la baisse", selon un coordinateur CFDT pour le groupe de télécoms.
Quelle vision générale ?
De façon large, la Dares précise qu'entre 2010 et 2011, 186 000 emplois salariés ont été créés, sans pouvoir donner le détail de ces contrats. Mais le chômage augmente, car ces postes ne suffisent pas à absorber tous les nouveaux arrivants sur le marché du travail. Et le nombre d'emplois supprimés reste élevé.
A quoi s'attendre pour 2012 ?
• Quelques bonnes nouvelles :
Airbus va recruter 4 000 personnes
Si le secteur automobile est à la peine, l'aéronautique se porte bien. Airbus et Boeing ont enregistré une année 2011 record, rapportent Les Echos. Airbus a d'ailleurs annoncé avoir recruté 4 000 personnes en 2011 et compte en embaucher autant en 2012, dont la moitié en France. Sur ces 2 000 embauches prévues dans l'Hexagone en 2012, environ 1 500 devraient s'effectuer à Toulouse ; 40 % des nouvelles recrues seront des ingénieurs, le reste, du personnel de production.
Une firme japonaise va créer 2 500 emplois dans les Pyrénées-Atlantiques
Spécialisée dans le textile et les matériaux composites, Toray devrait, selon Le Figaro, implanter sur le site de Lacq son pôle mondial dédié à la fibre de carbone.
• Mais une situation globale qui se détériore
Pas de quoi sauter au plafond. Dans sa note sur la conjoncture 2011 révélée le 15 décembre, l'Insee indique que "d'ici mi-2012, la situation sur le marché de l'emploi se détériorera". "Ce mouvement de repli de l'emploi s'accentuerait début 2012 : 14 000 postes seraient supprimés au second semestre 2011 puis 61 000 au premier semestre 2012", ajoute l'Institut.
De son côté, Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, prévoit une hausse du chômage l'année prochaine. Il s'établit actuellement à 9,3 %, et pourrait s'élever à 10,7 % à la fin de l'année prochaine, selon l'économiste. "On revient à des niveaux historiques, comme celui de début 1997 où il était de 10,8 %", commente-t-il.
Surtout, Mathieu Plane souligne que les annonces de suppressions de postes des grands groupes comme Air France ou BNP Paribas ne sont que "la face immergée de l'iceberg". "Derrière ça, il faut voir les contrats précaires, les intérimaires et toutes les PME qui ne les renouvellent pas et ne font pas de plans de licenciements très médiatisés. Ce sont principalement ceux qui sortent du travail précaire qui arrivent chez Pôle emploi", conclut-il.
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