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La fusion EADS-BAE en questions

Les deux plus grands groupes européens d'aéronautique et de défense ont confirmé mercredi les discussions en vue d'un rapprochement.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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EADS et BAE ont confirmé discuter d'une fusion, mercredi 12 septembre. (CHRISTOPHE LEHENAFF / PHOTONONSTOP / AFP)

ENTREPRISES – S'il aboutit, ce rapprochement créerait un géant mondial dont le chiffre d'affaires s'élèverait à 23 milliards d'euros, capable de rivaliser avec l'Américain Boeing. Les deux plus grands groupes européens d'aéronautique et de défense, EADS et BAE Systems, 225 000 employés à eux deux, ont confirmé mercredi 12 septembre discuter d'une fusion. FTVi vous en explique les enjeux.

Pourquoi est-ce important ?

La combinaison des activités du fabricant d'Airbus et de celui de l'Eurofighter créerait "un groupe d'envergure internationale avec des centres de production et d'excellence substantiels en France, en Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis", ont indiqué les deux groupes dans un communiqué.

"Cela créerait une des plus grosses opérations d'aéronautique et de défense sur la planète et transformerait à jamais le marché européen de la défense", a renchéri Guy Anderson, spécialiste de ce secteur, dans un entretien avec l'AFP. Il a ajouté que cette fusion placerait le groupe "devant Boeing en termes de chiffre d'affaires", bien qu'il soit "trop tôt pour dire de quelles activités la nouvelle entité devrait se défaire pour obtenir le feu vert des autorités de la concurrence".

Le rapprochement ferait en tout cas les affaires d'EADS, qui s'était fixé pour but de parvenir à un équilibre entre ses commandes civiles et militaires à l'horizon 2020. Une fusion avec le Britannique BAE, qui fabrique aussi bien des blindés que des frégates et des porte-avions, permettrait en effet d'atteindre d'un coup cet objectif et de pénétrer en force sur le marché américain, où BAE est fournisseur du Pentagone.

 Quelle forme prendrait le nouveau groupe ?

Le communiqué des deux entreprises précise que le nouvel ensemble serait détenu à 60% par les actionnaires d'EADS et à 40% par ceux de BAE. Les deux entités resteraient cotées respectivement à Paris et Londres mais seraient rassemblées sous la coupe d'un nouvel ensemble ayant une structure de direction unique.

Ils comptent par ailleurs attribuer des "golden shares", qui permettent de disposer d'un droit de veto sur l'ensemble du capital, aux gouvernements français, allemand et britannique. Cela permettrait à chacun de ces Etats d'avoir le même poids dans le capital de l'entreprise. Sur un plan purement financier, EADS versera 200 millions de livres (environ 252 millions d'euros) de dividende exceptionnel à ses actionnaires en cas de fusion avec BAE, continue le texte.

Quand l'affaire pourrait-elle se conclure ?

Pas dans l'immédiat. Les deux groupes disent avoir entamé des discussions avec "une série de gouvernements", étant donné l'aspect "sensible" de leurs activités de défense "aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Espagne, en Arabie saoudite et en Australie entre autres". Une éventuelle fusion reste suspendue aux accords d'un "certain nombre" d'autorités gouvernementales et de la concurrence.

Les négociations risquent d'être serrées : à peine les discussions officialisées, Londres a annoncé qu'elle veillerait à ce que les intérêts britanniques soient préservés. Le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici, a indiqué que Paris se "prononcera le moment venu", tandis que Berlin et Madrid n'ont pour l'instant pas souhaité réagir. Il faudra aussi attendre l'accord des actionnaires. Le groupe Lagardère, qui détient 7,5% du capital d'EADS, a annoncé jeudi qu'il ne donnerait son accord qu'après avoir examiné "toutes les conditions" d'un éventuel rapprochement.

Moyennant l'accord de ces autorités, "l'accord de fusion devrait être conclu en un peu moins d'un an", a affirmé à l'AFP une source proche du groupe. En attendant, EADS et BAE se donnent jusqu'au 10 octobre pour annoncer une transaction ou y renoncer.

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