Pourquoi Borloo est évoqué à la tête de Veolia
Selon "Libération" et "Les Echos", des tractations ont été engagées pour placer l'ex-ministre de l'Ecologie à la tête du groupe. L'opposition y voit une manifestation du "système Sarkozy".
C'est un renversement qui se préparerait dans le plus grand secret mais qui est désormais démenti par tous les protagonistes de cette affaire. Le PDG de Veolia Environnement, Antoine Frérot, serait sur le point d'être débarqué et pourrait être remplacé prochainement par Jean-Louis Borloo. Les Echos et Libération annoncent tous deux cette nouvelle dans leurs éditions du lundi 20 février. FTVi revient sur ce putsch évoqué par des médias à la tête du leader mondial des services collectifs.
Pourquoi Antoine Frérot serait sur la sellette ?
Parce que la situation du groupe est mauvaise. Aux prises avec une rentabilité érodée et une dette de 15 milliards d'euros fin septembre, Veolia, qui vient d'être dégradé par Moody's, a affiché l'an dernier l'une des pires performances du CAC 40, avec une perte de près de 60% de la valeur de son action. Le groupe pourrait afficher une perte de 400 millions d'euros au cours de l'exercice 2011, dont il publiera les résultats le 1er mars.
Ce remplacement aurait lieu au terme d'une offensive lancée en coulisses par le patron d'EDF, Henri Proglio, et appuyée par le conseiller de Nicolas Sarkozy, Alain Minc. Selon Le Monde, au moins 5 des 17 administrateurs du spécialiste de l'eau, de la gestion des déchets et des transports auraient été approchés, soit par Henri Proglio, soit par Jean-Louis Borloo. Le message serait à chaque fois le même : la gestion d'Antoine Frérot est catastrophique et le maintenir à la tête de l'entreprise serait "suicidaire".
Pourquoi Jean-Louis Borloo serait pressenti ?
"L'unique objectif de Proglio est d'installer Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia", affirme une source proche de l'affaire et citée par Le Monde. Les deux hommes se connaissent de longue date. Le patron d'EDF était ainsi de la fête d'anniversaire surprise, organisée le 8 avril 2011 par Béatrice Schönberg, la femme de l'ex-ministre, à l'occasion des 60 ans du leader du Parti Radical. Il souhaiterait trouver un poste à Jean-Louis Borloo depuis que ce dernier a renoncé, en octobre 2011, à se présenter à l'élection présidentielle. Selon Europe 1, l'ancien ministre envisageait bien de prendre la tête du groupe, malgré ses démentis. Ce week-end, il confiait à un proche que c'était du "50-50".
Ce changement à la tête du groupe pourrait également faire partie d'un "deal" entre Henri Proglio et Nicolas Sarkozy selon Libération. En début de semaine dernière, le chef de l'Etat et le patron d'EDF se seraient entendus pour qu’Antoine Frérot soit débarqué et remplacé par Jean-Louis Borloo. Selon Libération, cet arrangement permettrait à Henri Proglio de reprendre la main sur son ancienne entreprise, via Jean-Louis Borloo. Quant à Nicolas Sarkozy, il espérerait ainsi gagner le soutien public du leader du Parti radical qui, ces derniers temps, s'est dit en désaccord avec les propositions du candidat UMP sur le mariage gay et le référendum sur le chômage. Cet "accord" évoqué par le journal a été qualifié d'"absurde" par le chef de l'Etat.
Pourquoi l'opposition s'indigne ?
Plusieurs personnalités politiques, dont François Hollande, y voient une manœuvre de Nicolas Sarkozy. "Mais dans quelle République est-on ?", a ainsi demandé François Hollande lors d'un déplacement à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne). "C'est le candidat des conseils d'administration qui se présente devant les Français ? C'est le candidat des confusions, des arrangements, des compromis ? Jamais je ne l'accepterai." Pour Pierre Moscovici, son directeur de campagne, il s'agit d'une nouvelle manifestation du "système Sarkozy".
"Avant de partir, Nicolas Sarkozy place ses potes", a aussi commenté Steeve Briois, secrétaire général du Front national. Quant à Eva Joly, candidate écologiste à la présidentielle, elle a dénoncé une "confusion d'intérêts rarement vue".
Quand doit être prise la décision ?
La polémique bat son plein mais en attendant, Antoine Frérot est toujours à la tête du groupe et a la possibilité d'y rester. Selon Le Monde, le conseil d'administration de Veolia, qui nomme le PDG, serait partagé. La prochaine réunion du conseil de Veolia est programmée au 29 février. Les Echos indiquent également qu'une réunion prévue le 15 mars portera sur les questions de gouvernance.
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