Impasse dans les négociations sur la fusion EADS-BAE
Les discussions ont cessé à cause d'un désaccord entre Berlin, Londres et Paris, selon l'Agence France-Presse. FTVi revient sur ces négociations compliquées.
ENTREPRISES - Les discussions sont au point mort. Les négociations sur la création d'un mastodonte de l'aéronautique et la défense capable de rivaliser avec l'Américain Boeing, un géant mondial dont le chiffre d'affaires s'élèverait à 23 milliards d'euros, par une fusion d'EADS et BAE Systems, étaient dans l'impasse vendredi 5 octobre. Elles ont cessé à cause d'un désaccord entre Berlin, Londres et Paris, selon l'Agence France-Presse. FTVi revient sur ces négociations compliquées.
Quel est le nœud du problème ?
Selon ce qu'ont dévoilé des sources proches des négociations, l'Allemagne entend monter au capital de la future société à 9%. Soit au même niveau que la France, l'autre grand Etat actionnaire de l'actuel EADS, créé en 2000 par apport d'actifs industriels français dans l'aéronautique et l'espace allemands, essentiellement dans la défense.
La Grande-Bretagne se dit prête à accepter la participation des deux Etats à condition que la France s'engage par écrit à ne pas acquérir les parts que le groupe de médias français Lagardère à l'intention de vendre à moyen terme. Or, selon une source proche des négociations, "les Français disent : nous n'avons pas l'intention de racheter les parts de Lagardère mais nous ne vous donnerons pas une garantie écrite".
Et c'est là que le bât blesse puisque la Grande-Bretagne, comme EADS et le Britannique BAE, qui fabrique aussi bien des blindés que des frégates et des porte-avions, est hostile à une présence trop importante des Etats au capital de la nouvelle société. En effet, cela pourrait lui fermer la porte du marché américain de la défense, les Etats-Unis se méfiant des entreprises publiques.
Qu'en pense François Hollande ?
Le président François Hollande a déclaré, vendredi, en marge d'un sommet à Malte, que les positions françaises étaient arrêtées. "Nous avons dit, nous, ce que nous considérons comme des conditions. Après c'est aux entreprises de continuer leurs pourparlers ou leurs négociations en connaissant la position de la France à la fois en terme de présence au capital, de localisation des sièges et de protection de notre industrie de défense", a-t-il estimé.
Mais le chef de l'Etat n'a pas donné de précisions sur les conditions mises par la France, en tant qu'actionnaire. Interrogé par l'AFP, le groupe EADS n'a pas souhaité commenter les déclarations du président français.
Quelles sont les solutions pour sortir de l'impasse ?
Les négociateurs planchent sur les garanties demandées par les Etats quant au maintien des sites, de l'emploi et de la recherche sur leur sol. De même, ils travaillent à renforcer la protection du secret des activités stratégiques des Etats.
Mais toutes les demandes allemandes et françaises ne sont pas satisfaites. Berlin continue en effet à exiger le siège de la future société, "une demande déraisonnable parce que le choix du siège de la maison est une décision économique". De son côté, en vertu d'un pacte d'actionnaires, la France détient 15% du capital d'EADS, Lagardère 7,5%. L'Etat français n'entend donc pas se défaire de sa part, qui sera pourtant ramenée mathématiquement à 9% dans le nouvel ensemble.
Pour faire avancer les discussions, le patron du groupe aéronautique et de défense EADS Tom Enders et son homologue chez BAE, Ian King, proposent de donner à la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne chacun une action spéciale. Elle leur permettrait d'empêcher toute prise de participation au-delà de 15% et de préserver le caractère européen de la nouvelle entité.
La maison mère de l'avionneur Airbus et le fabricant d'armes britannique ont jusqu'au 10 octobre pour annoncer au régulateur de la Bourse de Londres qu'ils ont bouclé un accord, demander un délai supplémentaire ou renoncer au projet.
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