Ikea s'excuse pour la suppression des femmes de son catalogue saoudien
Le géant suédois du meuble a reconnu avoir supprimé les femmes des photos de son catalogue saoudien, avant de s'excuser. Deux ministres de Suède ont affirmé être choquées.
ENTREPRISES - Une femme devant un lavabo, avec ses enfants à ses côtés, et derrière elle, accroupi, un homme : la photo apparaît dans tous les catalogues du géant suédois du meuble, Ikea. Tous, sauf un : en Arabie saoudite, pays qui applique une ségrégation stricte entre hommes et femmes, celles-ci ont purement et simplement été effacées. Ikea l'a reconnu lundi 1er octobre, avant de s'excuser. Le blogueur Laurent Gloaguen a joué aux sept différences et montre le résultat sur son blog.
Révélée dans l'édition suédoise du quotidien gratuit Metro (lien en suédois), cette remarquable absence de femmes a été confirmée à l'AFP par une porte-parole du groupe, qui s'est fendu dans la soirée d'un communiqué d'excuse. "Inter IKEA Systems (qui détient la célèbre marque) regrette ce qui s'est passé et comprend que les gens soient bouleversés", a indiqué le groupe, qui possède trois magasins en Arabie Saoudite. "Nous allons naturellement revoir nos routines et nos procédures de travail pour s'assurer que cela ne se reproduise plus", a-t-il ajouté.
Deux ministres suédoises choquées
Mais le mal est fait en Suède, pays épris d'égalité entre les sexes. Ikea s'est attiré les foudres de deux femmes ministres à Stockholm. "Cela ne se fait pas de supprimer ni d'effacer les femmes de la réalité. Si l'Arabie saoudite n'autorise pas aux femmes d'être vues, entendues ou de travailler, elle se passe de la moitié de son capital intellectuel", a affirmé dans un communiqué la ministre du Commerce extérieur, Ewa Björling.
"Carrément moyenâgeux!", s'est exclamée de son côté sur Twitter la ministre des Affaires européennes, Birgitta Ohlsson. Le groupe avait dans un premier temps expliqué que, lors qu'il entrait sur un nouveau marché, il devait toujours trouver un bon équilibre entre ses propres valeurs et la culture et la législation locales.
Le précédent "Pussy Riot"
Le 24 septembre, le géant suédois avait déjà créé la polémique en supprimant de la version russe de son site internet une photo rendant hommage aux musiciennes du groupe punk Pussy Riot, condamnées à deux ans de camp après avoir chanté une prière punk anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou.
Pour expliquer le retrait de cette photographie, l'administration russe de l'enseigne avait indiqué qu'Ikea était "une entreprise commerciale qui est neutre concernant la politique et la religion", rapporte Paris Match.
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