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Hausse du prix de l'électricité : les énergies renouvelables sont-elles en cause ?

L'augmentation de 30% sur cinq ans du tarif de l'électricité a été expliquée par le développement des énergies "vertes". Une justification refusée par Ségolène Royal. Qui a raison ?

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Ségolène Royal s'exprime sur l'environnement lors d'une réunion à La Rochelle (Charente-Maritime), le 12 octobre 2012. (XAVIER LEOTY / AFP)

Ségolène Royal est de retour. Elle passe désormais ses colères sur le réseau social Twitter, et EDF en a fait les frais, mardi 19 février.

La présidente de la région Poitou-Charentes reproche à l’entreprise sa "propagande" concernant les 30% de hausse du prix de l’électricité sur cinq ans, annoncés par la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Pour Ségolène Royal, EDF justifie la hausse des prix en accablant les énergies renouvelables, sans évoquer les véritables raisons. Explication de texte.

Les reproches de Ségolène Royal

L'ancienne candidate à la présidentielle de 2007 évoque dans son tweet le coût de l’EPR de Flamanville (Manche) supporté par EDF. Ce projet de réacteur de troisième génération était initialement évalué à 3,3 milliards d’euros. La facture est passée à 6 milliards en juillet 2012, avant d’atteindre le montant de 8,5 milliards en décembre dernier. En cause : les quatre ans de retard accumulés dans les travaux. A titre de comparaison, la CRE estime que le soutien public aux énergies renouvelables devrait coûter environ 3 milliards d'euros en 2013.

Ségolène Royal parle aussi des dépenses liées à la sécurité nucléaire. Elle fait sans doute référence de nouveau à l’EPR et aux malfaçons détectées par EDF et par l’Autorité de sûreté nucléaire au cours de la construction, confiée à Bouygues. Des défauts qui seraient succeptibles de "porter préjudice à la qualité finale des structures", selon des révélations du Canard enchaîné en 2011, et qui entraînent des dépenses supplémentaires.

L'élue socialiste utilise le mot "propagande". Elle feint d'ignorer que l’information sur le rôle des énergies renouvelables dans la hausse des prix n'émane pas d'EDF mais d'un rapport de la CRE, une autorité administrative indépendante. Soit elle se trompe de cible, soit elle remet en cause l'indépendance de la CRE.

Le véritable poids des énergies vertes dans la hausse

Les énergies renouvelables devraient peser environ 20% dans l’augmentation des tarifs prévue d’ici 2017. Pour visualiser l’impact sur sa facture, le consommateur doit regarder à la ligne de la Contribution au service public de l’énergie (CSPE), qui devrait passer de 13,50 euros à 21,50 euros par mégawattheure en cinq ans. Créé en 2000, cette contribution permet notamment de compenser les surcoûts liés aux énergies renouvelables, principalement le rachat par EDF de l’électricité d’origine solaire. La CSPE finance aussi les tarifs sociaux de l’électricité et la péréquation tarifaire, ce dispositif qui prévoit un prix identique pour les clients quelle que soit leur zone géographique. 

Mais depuis plusieurs années, le montant de la CSPE ne parvient plus à financer l'augmentation des charges pour EDF. Les gouvernements successifs ayant rechigné à alourdir la facture des consommateurs, la dette était supportée par EDF. En janvier, l'Etat s'est engagé à rembourser 4,9 milliards d'euros au groupe.

Au total, la CSPE pèse pour un peu plus d’un tiers dans la hausse de 30%. Les deux autres tiers sont composés de l’augmentation des tarifs d’acheminement de l’électricité, en raison des lourds investissements nécessaires à l’entretien du réseau, et de l'inflation du marché de l'électricité (avec notamment l'augmentation du prix de l'énergie nucléaire revendue par EDF à ses concurrents). EDF milite en outre pour inclure dans le prix de son électricité un certain nombre de charges liées à la fin de vie des centrales.

Ségolène Royal aurait également pu relever un autre élément. Pour l’UFC-Que Choisir, EDF joue un double jeu concernant la CSPE. En effet, avec sa filiale EDF Energies nouvelles, il serait autant bénéficiaire que payeur vis-à-vis des énergies renouvelables.

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